Utopia : un retour à soi

27 décembre 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Utopia : un retour à soi

Le photographe documentaire Carlo Bevilacqua a voyagé dans le monde entier à la recherche de communautés utopistes. L’ouvrage Utopia, tenir à l’impossible met en lumière un mode de vie alternatif et durable.

En 1516, Thomas More a inventé le terme « utopie ». Il décrivait alors une société idéalisée, régie par des principes communautaires, fondée sur l’agriculture et le respect de la nature. Un lieu où la propriété privée et l’argent ont été abolis, prônant, à la place, la liberté de pensée, d’expression, et la tolérance religieuse. Aujourd’hui, le terme évoque simplement un lieu heureux, mais inatteignable. L’ouvrage de Carlo Bevilaqua, établie à Milan, s’ouvre sur cette définition.

Le photographe, spécialisé dans la photographie documentaire, a voyagé aux quatre coins du monde afin de se rendre dans des communautés d’utopistes. Auprès de ceux qui osent « rêver de l’impossible. Rêver de l’idéal. Rêver de ce que tout le monde désire et que personne n’ose faire », comme l’écrit Arianna Rinaldo, éditrice et curatrice freelance, dans la préface d’Utopia, tenir à l’impossible. Un périple qui met en lumière l’existence de ces territoires étranges et paradisiaques.

© Carlo Bevilacqua

Trouver une harmonie avec la nature

Au fil des pages, on découvre alors le secret des communautés utopistes : pour bien vivre, il faut trouver une harmonie avec la nature. Sur les photos, les tons verts et marron occupent l’espace – les couleurs de la nature et des saisons. Sans artifice, Carlo Bevilacqua représente un environnement libre, brut.

On découvre Green Bank, située en Virginie-Occidentale, aux États-Unis. Un lieu où tout type d’émission électromagnétique est banni. Il n’y a ni antenne, ni télévision, ni wifi, ni four à micro-onde. En Italie, la communauté Damanhur vit dans un respect intégral de l’environnement : agriculture biologique et écoconstructions fleurissent. Can Masdeu, situé en Catalogne forme un territoire hybride à la fois centre de recherche social et biologique, résidence, potager communautaire, boutique gratuite d’objets et vêtements d’occasion, et bibliothèque sociale. La ville universelle d’Auroville, en Inde, accueille quant à elle des habitants originaires de toutes les classes sociales et de toutes les cultures, et présente un système monétaire dématérialisé.

Dans un monde de plus en plus sombre, Carlo Bevacqua a su saisir, « le désir d’un difficile retour en arrière, de vivre à l’écart d’une société au conformisme forcé. Le rêve d’un nouveau monde qui ne verra pas le jour sans ce « retour à soi » », précise Romano Màdera, philosophe et coauteur de la préface de l’ouvrage. Travail sensible, presque anthropologique, Utopia, tenir à l’impossible s’inscrit dans la recherche – de plus en plus urgente – d’un meilleur futur ou d’un autre présent.

Utopia, tenir à l’impossible, éditions Intervalles, 34 €, 192 p.

© Carlo Bevilacqua

© Carlo Bevilacqua

© Carlo Bevilacqua

© Carlo Bevilacqua© Carlo Bevilacqua

© Carlo Bevilacqua© Carlo Bevilacqua© Carlo Bevilacqua

© Carlo Bevilacqua

Explorez
Dans l’œil de J.A. Young : l’hydre monstrueuse qui domine les États-Unis
© J.A. Young
Dans l’œil de J.A. Young : l’hydre monstrueuse qui domine les États-Unis
Cette semaine, plongée dans l’œil de J.A. Young. Aussi fasciné·e que terrifié·e par les horreurs que le gouvernement américain dissimule...
15 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les images de la semaine du 08.04.24 au 14.04.24 : du bodybuilding au réalisme magique
© Kin Coedel
Les images de la semaine du 08.04.24 au 14.04.24 : du bodybuilding au réalisme magique
C’est l’heure du récap‘ ! Les photographes de la semaine s'immergent en profondeur dans diverses communautés, avec lesquelles iels...
14 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
PERFORMANCE : des esthétiques du mouvement
© Nestor Benedini
PERFORMANCE : des esthétiques du mouvement
Du 6 avril au 22 septembre, l’exposition PERFORMANCE au MRAC Occitanie fait dialoguer art et sport. L’événement fait partie de...
13 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Paris, Texas, Diane Arbus et Arménie, dans la photothèque d'Alexis Pazoumian
© Alexis Pazoumian
Paris, Texas, Diane Arbus et Arménie, dans la photothèque d’Alexis Pazoumian
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur...
12 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Ces séries photographiques qui apprivoisent la ville
© Craig-Whitehead
Ces séries photographiques qui apprivoisent la ville
Dans la rue, au cœur du fourmillement de la foule ou au fil des bâtiments qui façonnent la réalité urbaine, les photographes n’ont de...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Rastchoutchas, la pop en béquille
© Rastchoutchas
Rastchoutchas, la pop en béquille
Entre les potes, les ombres et les mâchoires animales qu’une main de matrone serre, Rastchoutchas pope toujours la même et unique soirée...
Il y a 11 heures   •  
Écrit par Hugo Mangin
La sélection Instagram #450 : les déclinaisons du grain
© Veronique Van Hoorick / Instagram
La sélection Instagram #450 : les déclinaisons du grain
Cette semaine, les photographes de notre sélection Instagram partagent un attrait pour les images au grain saillant. Dans des approches...
16 avril 2024   •  
Dans l’œil de J.A. Young : l’hydre monstrueuse qui domine les États-Unis
© J.A. Young
Dans l’œil de J.A. Young : l’hydre monstrueuse qui domine les États-Unis
Cette semaine, plongée dans l’œil de J.A. Young. Aussi fasciné·e que terrifié·e par les horreurs que le gouvernement américain dissimule...
15 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas