Stanley Greene, une vie illustrée

03 septembre 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Stanley Greene, une vie illustrée

Bande dessinée croisant illustrations et photographies, Stanley Greene, une vie à vif retrace l’existence du photojournaliste – de ses reportages à son intimité. Un objet unique imaginé Jean-David Morvan et Tristan Fillaire.

« Je m’appelle Stanley Greene. Je suis mort le 19 mai 2017 »

. L’écrivain Jean-David Morvan et l’illustrateur Tristan Fillaire signent avec la bande dessinée Stanley Greene, une vie à vif un objet à part. À la fois graphique et photographique, l’ouvrage emporte le lecteur d’un continent, d’une décennie, d’une histoire à l’autre, sur les traces du grand photojournaliste. Les clichés – emblématiques et captivants – s’immiscent avec brio au cœur du récit, et se fondent dans les dessins, comme de brèves excursions dans la réalité.

Né à Brooklyn, en 1949, Stanley Greene devient dès le début des années 1970 un membre du mouvement afro-américain Black Panthers, et s’oppose à la guerre du Vietnam. Il rencontre peu après William Eugene Smith, qui lui offre une place dans son studio, et l’initie à la photographie. En 1989, le reporter se fait connaître grâce à son image d’une ballerine, debout sur le mur de Berlin, une bouteille de champagne à la main – un symbole de la chute de l’édifice. « J’ai toujours voulu écrire à propos de Stanley, ses photos sont d’une puissance incroyable. Nous avons eu la chance d’avoir accès à toutes ses archives. Le plus dur ? Réussir à le dessiner sans jamais l’avoir rencontré. Mais Tristan a su le représenter de manière à ce que tout le monde le reconnaisse », confie Jean-David Morvan.

© JD Morvan / Tristan Fillaire

Stanley Greene s’anime

Scénariste depuis les années 1990, l’auteur, passionné par le 8e art, a déjà publié plusieurs projets hybrides, mêlant dessin et photographie. Parmi eux, Henri Cartier-Bresson, Allemagne 1945 et McCurry, NY 11 septembre 2001, publiés aux éditions Dupuis. « Ces expériences m’ont encouragé à trouver d’autres manières de raconter. Si nous n’osions d’abord pas trop mettre de photographies au cœur de la narration, nous avons finalement assumé cette originalité. Nous avons même dessiné des petits Stanley au milieu des grandes photos, pour ajouter une dimension ludique », raconte-t-il.

Véritable fan du photojournaliste, Jean-David Morvan se plonge dans tous ses ouvrages, écoute de longues interviews pour en apprendre davantage sur lui. « J’ai essayé d’écrire comme il parlait… Et cela a fonctionné, puisqu’on me cite parfois en pensant qu’il s’agit de ses propos ! », s’enthousiasme-t-il. Plus d’un simple exposé de sa vie de photographe, la bande dessinée propose une véritable immersion dans son existence, ses états d’âme, ses coups de foudre, ses craintes et ses doutes. Au détour des images et illustrations, Stanley Greene s’anime, et nous révèle son intimité. Après nous avoir fait voyager en Mauritanie, au Soudan, à Paris, au Liban ou encore en Afghanistan, dans un va-et-vient très réussi entre les deux médiums, le photojournaliste dessiné conclut : « Je suis photographe, mais on pourrait aussi dire écrivain. Ancien acteur, ancien activiste, ancien dealer, ancien junkie. Je suis juste une personne de plus à avoir décidé qu’il voulait tout comprendre de la vie, et essayer de comprendre comment rêver, parler, voir, photographier, lire, être, partager ». Un ouvrage unique à savourer.

 

Stanley Greene, une vie à vif, Éditions Delcourt, 18,95€, 128 p. 

© JD Morvan / Tristan Fillaire© JD Morvan / Tristan Fillaire
© JD Morvan / Tristan Fillaire© JD Morvan / Tristan Fillaire
© JD Morvan / Tristan Fillaire© JD Morvan / Tristan Fillaire

Extraits de Stanley Greene, une vie à vif © JD Morvan / Tristan Fillaire

Explorez
Quand la photographie s’inspire de la mode pour expérimenter
© Hugo Mapelli
Quand la photographie s’inspire de la mode pour expérimenter
Parmi les thématiques abordées sur les pages de notre site comme dans celles de notre magazine se trouve la mode. Par l’intermédiaire de...
17 avril 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dans l’œil de J.A. Young : l’hydre monstrueuse qui domine les États-Unis
© J.A. Young
Dans l’œil de J.A. Young : l’hydre monstrueuse qui domine les États-Unis
Cette semaine, plongée dans l’œil de J.A. Young. Aussi fasciné·e que terrifié·e par les horreurs que le gouvernement américain dissimule...
15 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les images de la semaine du 08.04.24 au 14.04.24 : du bodybuilding au réalisme magique
© Kin Coedel
Les images de la semaine du 08.04.24 au 14.04.24 : du bodybuilding au réalisme magique
C’est l’heure du récap‘ ! Les photographes de la semaine s'immergent en profondeur dans diverses communautés, avec lesquelles iels...
14 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
PERFORMANCE : des esthétiques du mouvement
© Nestor Benedini
PERFORMANCE : des esthétiques du mouvement
Du 6 avril au 22 septembre, l’exposition PERFORMANCE au MRAC Occitanie fait dialoguer art et sport. L’événement fait partie de...
13 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Nicolas Jenot : le corps des machines et ses imperfections
© Nicolas Jenot
Nicolas Jenot : le corps des machines et ses imperfections
Expérimentant avec la photo, la 3D ou même le glitch art, l’artiste Nicolas Jenot imagine la machine – et donc l’appareil photo – comme...
Il y a 11 heures   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Voyage aux quatre coins du monde : la séance de rattrapage Focus !
©Théo Saffroy / Courtesy of Point Éphémère
Voyage aux quatre coins du monde : la séance de rattrapage Focus !
De la Corée du Nord au fin fond des États-Unis en passant par des espaces imaginaires, des glitchs qui révèlent les tensions au sein d’un...
18 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les éternels éphémères : des abeilles et des hommes
© Maewenn Bourcelot
Les éternels éphémères : des abeilles et des hommes
C’est un monde sublime et violent, enchanté et tragique, énigmatique et d’une évidence terrible. Avec Les Éternels Éphémères, la...
18 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nicolas Lebeau, reprendre le contrôle des images
© Nicolas Lebeau
Nicolas Lebeau, reprendre le contrôle des images
Avec Voltar A Viver (« Retourner à la vie », en français), Nicolas Lebeau questionne notre rapport aux images en puisant aussi bien dans...
17 avril 2024   •  
Écrit par Ana Corderot