Sensualité textile

27 août 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Sensualité textile

Finaliste du Prix Picto 2019, la Parisienne Rosanna Lefeuvre propose une œuvre à la croisée des arts. En mêlant textile et image, elle construit un univers sensuel et sensoriel.

Née en 1993, Rosanna Lefeuvre est une artiste jouant avec plusieurs médiums, notamment la photographie et le tissage. C’est à seize ans qu’elle découvre le 8e art, lorsque son compagnon lui offre un boîtier argentique. « Nous avions fabriqué un laboratoire dans sa baignoire, afin de pouvoir développer les pellicules », se souvient-elle. Après s’être tournée vers des études de textile, l’auteure emménage à Helsinki avec une photographe, et l’observe travailler. Une proximité avec l’image qui lui redonne envie de sortir son appareil photo.

« Je définirais ma pratique comme picturale, instinctive et tactile. J’accorde également une place importante à la couleur », explique Rosanna Lefeuvre. En imprimant ses clichés sur des tissus, l’artiste joue avec la représentation de l’image. La sensualité naît des vagues que forme le textile. Au sein de ses œuvres, corps féminins et matières se cherchent, se complètent et fusionnent.

Transformer les images en textile

Présentée au Prix Picto 2019, la série photographique Jane marque le début de la carrière de l’artiste. « Elle est la première personne ayant posé pour moi. Les images étaient à l’origine destinées à devenir des tissages ou des étoffes imprimées, mais j’ai finalement décidé d’en conserver certaines, car elles se suffisaient à elles-mêmes », confie Rosanna Lefeuvre. Dans les œuvres, pourtant, la matière demeure, et métamorphose l’image. Palette pastel, peau lactée et vêtements souples composent chaque photographie. Inspirée par les peintres du 18e siècle, l’artiste construit des clichés picturaux, qui donnent envie d’être touchées. « Mon rapport à la matière devient concret lorsque je transforme mes images en textile, précise-t-elle. Je choisis les textures et les couleurs comme un peintre sélectionne ses outils. Mon matériel ? Un boîtier, des fils, un métier Jacquard et des encres de sérigraphie. »

En mêlant ces deux disciplines, Rosanna Lefeuvre construit des images hybrides. L’environnement qu’elle capture semble apparaître en relief, sublimant les différentes matières de ses mises en scène. Fleurs, étoffes et corps dénudés invitent le regardeur à plonger dans un univers sensuel et sensoriel, animé par l’érotisme et la féminité. Une interprétation fascinante du médium photographique.

© Rosanna Lefeuvre© Rosanna Lefeuvre
© Rosanna Lefeuvre© Rosanna Lefeuvre
© Rosanna Lefeuvre© Rosanna Lefeuvre
© Rosanna Lefeuvre© Rosanna Lefeuvre
© Rosanna Lefeuvre© Rosanna Lefeuvre

© Rosanna Lefeuvre

Explorez
Avec Unique, le Hangar joue la carte du singulier pluriel
© Douglas Mandry, Retardant Panels (2023)
Avec Unique, le Hangar joue la carte du singulier pluriel
La nouvelle exposition du Hangar, à Bruxelles, met en lumière une vingtaine d’artistes qui ont choisi de transformer leurs photographies...
24 avril 2024   •  
Écrit par Eric Karsenty
La sélection Instagram #451 : la vie simple
© Melissa Alcena / Instagram
La sélection Instagram #451 : la vie simple
De la photographie de paysage à la nature morte en passant par l'autoportrait, notre sélection Instagram de la semaine est une ode...
23 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
© Chloé Milos Azzopardi
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
Du 6 au 28 avril, Maison Sœur accueille Ces corps qui nous traversent, une exposition qui nous inivite à repenser notre rapport au vivant.
19 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Les éternels éphémères : des abeilles et des hommes
© Maewenn Bourcelot
Les éternels éphémères : des abeilles et des hommes
C’est un monde sublime et violent, enchanté et tragique, énigmatique et d’une évidence terrible. Avec Les Éternels Éphémères, la...
18 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Quand les photographes utilisent la broderie pour recomposer le passé
© Carolle Bénitah
Quand les photographes utilisent la broderie pour recomposer le passé
Les photographes publié·es sur Fisheye ne cessent de raconter, par le biais des images, les préoccupations de notre époque. Parmi les...
25 avril 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Elie Monferier : le filon au bout de l’échec
© Elie Monferier
Elie Monferier : le filon au bout de l’échec
Imaginé durant une résidence de territoire au cœur du Couserans, en Ariège, Journal des mines, autoédité par Elie Monferier, s’impose...
25 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les femmes s'exposent à Houlgate pour une nouvelle édition !
© Alessandra Meniconzi, Mongolia / Courtesy of Les femmes s'exposent
Les femmes s’exposent à Houlgate pour une nouvelle édition !
Le festival Les femmes s'exposent réinstalle ses quartiers dans la ville normande Houlgate le temps d'un été, soit du 7 juin au 1er...
24 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Flashs et paysages : les mondes mystiques d'lnka&Niclas
Family Portrait © Inka&Niclas
Flashs et paysages : les mondes mystiques d'lnka&Niclas
Des vagues et des palmiers rose-orangé, des silhouettes incandescentes, des flashs de lumières surnaturels dans des paysages grandioses....
24 avril 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas