Les coups de cœur #403

22 août 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #403

Nos coups de cœur #403, Lucien Migné et Catherine Walsh documentent le quotidien de travailleurs. L’un part à la découverte des carrières de calcaire égyptiennes, et l’autre des pompes funèbres.

Lucien Migné

Grand voyageur, Lucien Migné, auteur de 30 ans installé à Marseille, a passé plusieurs années à parcourir le monde. En 2014, passionné de 7e art, il se lance dans une formation de prise de vue cinématographique et multiplie les courts-métrages. C’est, il y a environ un et demi, qu’il se tourne finalement vers la photographie, au cours d’un de ses périples. « Je suis parti au Maroc. Je connaissais déjà bien ce pays, cela me paraissait logique de faire mon baptême photo là-bas », explique-t-il. Sociable, l’auteur aime aller à la rencontre d’inconnu·es, chercher un regard, un sourire pour lancer la conversation, et découvrir des groupes, des aventures, des cultures différentes de la sienne. C’est en Égypte qu’il réalise Al-Minya, une série documentant l’exploitation du calcaire, venu de cette ville située à 300 kilomètres du Caire. « C’est l’activité principale de cette région, poursuit-il. À l’aide de machines équipées de scies circulaires surnommées El Fasalah – la faucheuse – les ouvriers découpent progressivement le sol, ce qui projette un nuage de poussière d’un blanc aveuglant. » Des outils provoquant régulièrement des accidents, parfois mortels. Dans cet univers dystopique, où les nuages poussiéreux recouvrent le paysage comme les travailleurs, Lucien Migné imagine une œuvre graphique dans un monochrome maîtrisé. Surgissant du brouillard blanc, les silhouettes des hommes deviennent des spectres communiquant avec les machines funestes. Une mise en scène aux allures postapocalyptiques évoquant les panoramas désertiques de Mad Max.

© Lucien Migné

© Lucien Migné© Lucien Migné
© Lucien Migné© Lucien Migné

© Lucien Migné

© Lucien Migné

Catherine Walsh

« Mon approche du médium est instinctive, et un peu sauvage. Je suis autant attirée par l’étrange que par le banal. Et j’aime l’excitation de l’argentique »

, confie Catherine Walsh. Née en Californie, la photographe de 29 ans a grandi en Irlande rurale, avant d’emménager à New York, où elle étudie pour devenir ballerine. « Là-bas, on m’a offert un instantané, et j’ai commencé à documenter mon quotidien dans la ville qui ne dort jamais. Durant la pandémie, j’ai décidé d’abandonner ma carrière de danseuse pour me concentrer sur le 8e art », confie-t-elle. Peu après, elle se lance dans la réalisation de Family Business, une série imaginée en plein confinement, alors qu’elle redécouvrait la campagne irlandaise. « La confection de cercueil est un art que mon grand-père a appris de son cousin. Mon père a organisé ses premières funérailles en 1977, alors qu’il n’avait que 17 ans », confie Catherine Walsh. Entre ombre et lumière, l’autrice rend alors hommage au savoir-faire familial. Compositions étranges, lieux de recueillement et soleil aveuglant se croisent dans ses images, formant une mosaïque dynamique d’une journée de travail ordinaire. « La mort me rend curieuse, ainsi que les choses que les gens font pour se sentir vivants », ajoute-t-elle. Inspirée par les corps en mouvement, les clichés de Guy Bourdin et l’esthétique des films anciens, elle propose une virée atypique dans un commerce peu documenté.

© Catherine Walsh

© Catherine Walsh© Catherine Walsh
© Catherine Walsh© Catherine Walsh

© Catherine Walsh

© Catherine Walsh

Image d’ouverture : © Lucien Migné

Explorez
Elie Monferier : le filon au bout de l’échec
© Elie Monferier
Elie Monferier : le filon au bout de l’échec
Imaginé durant une résidence de territoire au cœur du Couserans, en Ariège, Journal des mines, autoédité par Elie Monferier, s’impose...
25 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Fièvre : les remous intimes de Lorenzo Castore
© Lorenzo Castore
Fièvre : les remous intimes de Lorenzo Castore
Jusqu’au 11 mai, la galerie parisienne S. accueille le photographe Lorenzo Castore, l’un des pionniers de la nouvelle photographie...
22 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Les coups de cœur #489 : Julie Legrand et Kathleen Missud
© Julie Legrand
Les coups de cœur #489 : Julie Legrand et Kathleen Missud
Nos coups de cœur de la semaine, Julie Legrand et Kathleen Missud, ont toutes deux, au cours de leur parcours dans le 8e art, fait le...
22 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Rastchoutchas, la pop en béquille
© Rastchoutchas
Rastchoutchas, la pop en béquille
Entre les potes, les ombres et les mâchoires animales qu’une main de matrone serre, Rastchoutchas pope toujours la même et unique soirée...
16 avril 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Quand les photographes utilisent la broderie pour recomposer le passé
© Carolle Bénitah
Quand les photographes utilisent la broderie pour recomposer le passé
Les photographes publié·es sur Fisheye ne cessent de raconter, par le biais des images, les préoccupations de notre époque. Parmi les...
Il y a 5 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Elie Monferier : le filon au bout de l’échec
© Elie Monferier
Elie Monferier : le filon au bout de l’échec
Imaginé durant une résidence de territoire au cœur du Couserans, en Ariège, Journal des mines, autoédité par Elie Monferier, s’impose...
25 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les femmes s'exposent à Houlgate pour une nouvelle édition !
© Alessandra Meniconzi, Mongolia / Courtesy of Les femmes s'exposent
Les femmes s’exposent à Houlgate pour une nouvelle édition !
Le festival Les femmes s'exposent réinstalle ses quartiers dans la ville normande Houlgate le temps d'un été, soit du 7 juin au 1er...
24 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Flashs et paysages : les mondes mystiques d'lnka&Niclas
Family Portrait © Inka&Niclas
Flashs et paysages : les mondes mystiques d'lnka&Niclas
Des vagues et des palmiers rose-orangé, des silhouettes incandescentes, des flashs de lumières surnaturels dans des paysages grandioses....
24 avril 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas