« La parole de l’intime constitue un lieu de résistance et de création »

09 juillet 2020   •  
Écrit par Anaïs Viand
« La parole de l’intime constitue un lieu de résistance et de création »
Christine Delory-Momberger, accompagnée par le co-fondateur de Photo Doc. Valentin Bardawil, revient sur neuf ans de création. Neuf ans durant lesquelles elle a réalisé sa trilogie Exils / Réminiscences. Dans Le pouvoir de l’intime dans la photographie documentaire – un ouvrage hybride réunissant images, textes et poèmes – ils mènent l’ « en-quête » et s’interrogent sur l’intime. Entretien avec la photographe auteure.

Fisheye : Quelle est la genèse de ce livre intitulé Le pouvoir de l’intime ?

Christine Delory-Momberger : Ce projet est né d’une rencontre fortuite en mai 2019 avec Valentin Bardawil, au cours d’une soirée chez des amis, alors que le triptyque EXILS / REMINISCENCES  venait de paraître.

Je racontais ce que ce travail photographique de neuf années avait généré comme découvertes concernant l’histoire d’émigration de ma famille – sur quatre générations à travers quatre pays d’Europe – et les effets transformateurs qu’il avait eu sur moi. Mes images m’avaient souvent surprises, nées d’un geste intuitif, surgies souvent par surprise, elles m’étonnaient, mais elles touchaient des couches profondes d’un espace du sensible et elles me révélaient à moi-même à travers les découvertes que je pouvais faire.

Il était question de tout le « hors champ » dont on ne parle jamais, de choses qui arrivent – dans mon cas, les accidents photographiques prennent tout d’un coup une dimension prémonitoire (comme la photo de ma mère s’enfonçant dans le noir d’un parc), des doubles expositions involontaires (qui révèlent les « petits fantômes » des frères et sœurs de ma mère, morts bébés ou morts-nés, dont j’avais découvert l’existence pendant mon travail photographique) et d’autres choses encore. C’est en fait tout un travail du visible avec l’invisible, qui d’une certaine façon se manifeste sous ces formes.

© Christine Delory Momberger / agence révélateur

Valentin est venu te voir et t’a convaincue de mettre des mots sur ton processus de création, un exercice difficile. Qu’est-ce qui t’a fait accepter ?

Valentin a été attentif à ce que je disais et m’a demandé le jour suivant pourquoi je ne racontais pas tout cela. J’ai pris très au sérieux cette idée et je l’ai même interprétée comme une « commande » – ce qui n’était pas le cas. Le mois de juillet venu, je me suis lancée dans l’écriture d’un récit que nous avons ensuite appelé « l’en-quête ». Ce n’est pas un simple récit rétrospectif de la construction du triptyque, mais plutôt une exploration qui part de « l’enquête photographique » pour aller vers « l’en-quête narrative ». Chemin faisant, de nouvelles découvertes surgissent, des mises en lien, c’est une « mise en conscience » qui m’a donné une assise. Je pourrais dire que depuis ce travail, je suis « au courant de moi-même ».

Je n’ai pas eu besoin d’être convaincue, je suis allée à la rencontre de l’incitation de Valentin parce qu’elle venait à un moment de ma vie où j’en avais certainement besoin.

L’exercice n’a pas été difficile, il m’a transportée tout au long de son écriture. À la fin, il y a la résolution d’une énigme (comme dans toute « enquête » et « en-quête ») : j’ai trouvé ma langue. Mais l’« en-quête » continue, à la fin du livre comme on peut le lire : « le voyage continue ». Elle génère d’autres découvertes, d’autres liens se font, etc.

Comment s’est déroulée cette confection à quatre mains ?

Il y a eu deux temps dans l’ouvrage. Tout d’abord mon récit d’ « en-quête » que j’envoyais au fur et à mesure à Valentin. Il commentait, me posait des questions, et nos échanges ont orienté la poursuite de l’écriture de mon texte. C’est un récit qui s’est constitué dans l’altérité. Ensuite, Valentin a transcrit notre rencontre et a amené des premiers éléments d’un travail que nous continuons à construire ensemble.

Puis est venue la partie théorique du livre. Nous voulions définir ce qu’était « l’intime » et le « pouvoir de l’intime ». Nous échangions quasiment tous les jours. Nous construisions notre texte dans nos échanges, nous nous l’envoyions au fur et à mesure et chacun intervenait à nouveau sur le texte de l’autre. Nous faisions des lectures qui étaient de nouvelles découvertes et qui alimentaient notre réflexion. C’était passionnant.

© Christine Delory Momberger / agence révélateur

Qu’est-ce qui vous rassemble ?

La rencontre était une évidence car nous étions et nous sommes toujours habités par une volonté de mettre à jour certaines choses qui ne sont pas dites en photographie. Parallèlement, nous nous rendons compte que nous avons tous les deux une histoire d’exilés et la mise en conscience de nos parcours est porteuse d’effets de connaissance de soi et des autres. Le souci de l’altérité, qui est le point nodal de Photo Doc. nous est primordial. C’est une rencontre humaine et intellectuelle comme j’en ai rarement vécue.

…Une en-quête sur l’enquête ?

Oui, il s’agit d’une « en-quête narrative » après l’« enquête photographique » qui la prolonge. D’après ce que nous constatons avec Valentin, sa lecture révèle, et le lecteur, en s’immergeant dans le processus, entre à son tour dans son histoire d’une autre façon et s’en retrouve « éclairé ». C’est tout à fait passionnant. Nous allons mettre en place un workshop sur 10 mois pour permettre à des photographes qui le voudront bien d’entrer dans une mise en conscience de la relation entre leur art, eux-mêmes, et la vie.

Comment définirais-tu l’intime ?

L’« intime » n’est pas l’« intimité », c’est un processus social qui participe à la constitution des identités. Et nous voulions explorer la place qu’il pouvait avoir dans la photographie documentaire, définir son pouvoir agissant, et trouver ses ressources comme moteur de transformation de soi et du monde. L’intime est une notion relationnelle qui n’est pas l’idée que beaucoup se font d’un « for intérieur ». Il est forgé par la rencontre de l’autre, il nous appartient autant qu’il appartient à l’autre. Et c’est le fondement de ce que Michael Foessel – un philosophe qui nous a beaucoup inspiré – appelle la « démocratie sensible » : l’intime a une dimension politique et permet une reconnaissance mutuelle et une altérité partagée. En entendant et reconnaissant l’histoire de l’autre, je m’ouvre à lui, qui me nourrit et me met en conscience. Comme on le dit dans le livre, la parole de l’intime constitue un lieu de résistance et de création qui déjoue toutes les tentatives d’instrumentalisation des consciences.

© Christine Delory Momberger / agence révélateur

Est-il une matérialisation de « l’esprit, de la vie, et de la créativité » ?

D’une certaine façon, oui. L’intime, par le médium de l’art, prend des formes qui peuvent nous surprendre en tant qu’artistes mais qui naissent de cet espace qu’Emanuel Coccia, un autre philosophe ayant travaillé sur l’intime intitule l’« entre-deux » :  une réalité médiane qui existe entre les personnes, les corps et les esprits. Le philosophe François Jullien parle également d’un « entre-deux », d’un « écart », l’intime est matrice de subjectivité, il est en toujours en cours et il nourrit la création.

Tu écris « un besoin impérieux s’est imposé tout d’un coup de faire sortir des personnages de leur cadre, de les mettre en mouvement, de faire parler », était-ce là l’objectif final de ce livre ?

Non, c’était plutôt le point de départ : faire « parler » la petite photographie crantée, faire sortir les personnages. Ensuite ils ont pris leur autonomie et on les voit réapparaître sous d’autres formes au cours du triptyque – même des formes rêvées.

Quel rapport entretiens-tu avec l’écriture ?

L’écriture m’habite depuis toujours mais je suis partie en Allemagne à 19 ans. J’y ai appris l’allemand, et c’est devenu mon langage au point de perdre mon français. C’était tout un parcours pour trouver ma « langue » qui n’est ni le français, ni l’allemand mais un ensemble de mots qui viennent du « sensible » et que j’ai trouvé en écrivant mon récit d’en-quête. J’ai été traductrice et je me coulais dans la langue des autres. Désormais universitaire et j’écris des livres, des articles, des textes scientifiques. Dans EXILS / REMINISCENCES, j’ai tout d’un coup écrit des poèmes et maintenant j’ai commencé à écrire un texte qui sera un livre où l’en-quête continue d’une autre façon, en y mélangeant écriture littéraire, fiction et photographies. De petits textes s’alternent et représentent mon travail de deuil, consacré à ma mère, décédée le 3 mars de cette année. L’écriture est partie prenante de mon identité.

© Christine Delory Momberger / agence révélateur

Était-ce la première fois que tu as ressenti le besoin de te tourner vers les mots, pour faire « vivre » tes images ?

Oui, c’est Valentin qui m’a ouvert ce chemin, et je continue à le suivre.

Aujourd’hui, comment définirais-tu ton processus de création ?

Je continue à faire des images, je construis des récits/séries photographiques accompagnés de petits textes de forme poétique. Mais la forme « hybride » m’intéresse de plus en plus. La performance avec le Good Chance Theater illustre parfaitement cela : mes histoires d’exils rencontraient celles des migrants et un récit commun s’élaborait, selon le principe de la « démocratie sensible ». Mon travail photographique est politique. Mon histoire est l’histoire d’autres, c’est une histoire de sociétés.

Pourquoi avoir recours au blow up ?

Le blow up est arrivé par hasard. Je voulais grossir la petite photographie crantée de départ, celle qui a généré tout le triptyque et n’ayant pas de loupe, j’ai pris un objectif macro. Et voyant les personnages arriver comme dans un travelling, j’ai fait les premières images, non pas dans un objectif artistique mais comme des « prises » pour les revoir fixées sur le papier. Ensuite c’est devenu un mouvement qui me fait plonger dans l’espace du sensible et qui me fait découvrir des choses que je n’atteindrais pas avec le seul entendement ou une logique rationnelle.

© Christine Delory Momberger / agence révélateur

Peux-tu commenter l’image hautement symbolique de ta mère debout sur une borne  ?

Ma mère se trouvait debout sur une des deux bornes qui fermaient la frontière entre l’Allemagne et la France durant l’occupation de la Lorraine pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette frontière venait de tomber, c’était la Libération. Ma mère est debout, droite, fière, elle fait le signe de la victoire avec ses doigts, et a le bras droit levé. À ses pieds, des enfants, quelques adultes, et au loin une route qui mène vers l’Allemagne. Une pancarte sur la droite indique « Kein Grenzüberger » : « il est interdit de franchir la frontière ». Je l’ai franchie à 19 ans lorsque je suis partie en Allemagne et que je suis devenue allemande par un premier mariage. J’ai emprunté cette route défendue. Sur la photo, on ne voit que ma mère, on voit la pancarte sur une autre photo. Par un blow up, j’ai fait un travail infini sur cette image qui continue encore aujourd’hui à me révéler.

Elle est symbolique de ma quête : j’étais une exilée par ma filiation maternelle italienne sur trois générations et je suis venue continuer le déplacement en allant dans un autre pays. J’ai d’ailleurs découvert, pendant l’enquête photographique, que mes grands-parents italiens s’étaient mariés à Stuttgart en 1913 et qu’ils avaient eu un premier enfant mort quelques mois plus tard.

J’ai franchi l’interdit, cela n’a pas été facile car j’en ai perdu ma langue d’origine : le français. Maintenant, grâce à l’en-quête, je vois que ce chemin devait être fait, il est en quelque sorte initiatique et les deux langues – l’allemand et le français – m’habitent et irriguent « ma » langue, celle de la création.

Et qu’as-tu à nous dire de « l’image inclassable » ?

Il s’agit un accident photographique. Elle représente ma mère partant dans le noir. Elle n’allait pas dans la suite des images, elle ressortait toujours tout en réclamant sa place. Dans les expositions, on l’accrochait à part, dans le livre elle est à la fin, séparée mais reliée au reste. Et lors de l’enterrement de ma mère, elle a été posée au pied de l’autel.

© Christine Delory Momberger / agence révélateur

Avant de travailler sur ce projet, étais-tu convaincue que l’intime avait un si grand pouvoir ?

Oui, mais la rencontre avec Valentin, nos discussions et l’écriture m’ont permis de creuser cette question. C’est important également pour Photo Doc dont je fais, à mon grand plaisir, partie maintenant. J’y ai trouvé mon lieu dans le monde de la photographie car c’est un espace de création et de réflexion intellectuelle. 

Cet ouvrage participe clairement au débat sur la place de l’intime dans la photographie documentaire, où en sommes-nous selon toi ?

Notre réflexion à Photo Doc., c’est de sortir l’œuvre de son aura de mystère pour en faire une affaire publique qui concerne chacun, rendre visible l’invisible et le partager dans un échange de regards actifs construisant l’espace nouveau d’un art citoyen.

L’intime est matrice d’altérité, de transformation de soi et du monde et dans cette période que nous vivons, il est un pouvoir dans lequel nous pouvons puiser pour construire un monde nouveau qui ne peut plus être bâti sur de l’ancien.

L’intime et son pouvoir entrent dans de nouvelles écritures de la photographie documentaire et nous créons un maillage d’artistes, de chercheurs pour porter l’idée d’une démocratie sensible comme espace d’un monde nouveau irrigué par l’art.

En parcourant ton livre, on découvre la force entre l’art et la vie. Sans art, la vie ne vaut pas d’être vécue ?

Tout le monde n’est pas artiste mais un compagnonnage entre artistes et non-artistes dans une démocratie sensible permet de créer des espaces nouveaux d’altérité et d’un « vivre mieux ».

© Christine Delory Momberger / agence révélateur

À qui s’adresse cet ouvrage ?

À tout le monde. Nous allons avoir une table ronde à l’occasion de la Foire Photo Doc. les 27-28-29 novembre à Paris où nous débattrons du pouvoir de l’intime avec des photographes et des chercheurs. Ceci sera une occasion de rencontrer un public où nous pourrons entrer en discussion. D’autres événements sont prévus dans des galeries, d’autres occasions de discuter. Le workshop annuel que nous allons mettre en place sera un dispositif où des photographes pourront expérimenter sur eux-mêmes l’en-quête, etc. D’autres idées nous viendront en espérant qu’une deuxième vague de pandémie ne nous en empêche pas. Mais nous trouverons d’autres moyens de partager.

Un dernier mot ?

En guise de conclusion, je voudrais présenter notre prochain livre Insurrection créatrice et photographie documentaire, à nouveau coécrit avec Valentin, qui paraîtra le 7 octobre :

« À l’orée d’une crise sanitaire qui a fait basculer le monde, des histoires d’exils se rencontrent dans une geste croisant image photographique et forme théâtrale, portée par des jeunes acteurs migrants réfugiés et générant une création performante de l’ordre du soulèvement. Les deux auteurs vivent et expérimentent dans un « en-commun » artistique une insurrection créatrice qui se révèle être un vecteur de transformation de soi et de l’autre, d’attention sensible et d’action éthique et politique, où se nouent de nouvelles alliances de la photographie documentaire avec le monde, constituant de la construction d’une « démocratie sensible ». Utopie concrète, acte de résistance ouvrant à la mise en œuvre d’un art citoyen et participatif, créateur d’un monde nouveau. »

Le pouvoir de l’intime dans la photographie documentaire, Arnaud Bizalion, 19,50 €, 96 p.

Signature du livre par les auteurs le jeudi 9 juillet 2020, de 17h à 19h, à La Nouvelle Chambre Claire, 3 rue d’Arras  – 75005 Paris. 

Couverture Le Pouvoir de l'intime

© Christine Delory Momberger / agence révélateur© Christine Delory Momberger / agence révélateur

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