« FROZEN LIGHTS » : manifeste pour la protection des écosystèmes de montagne

03 février 2023   •  
Écrit par Costanza Spina
« FROZEN LIGHTS » : manifeste pour la protection des écosystèmes de montagne
Du 5 au 25 février au Forum Paracelsus de St Moritz, la galerie suisse Bildhalle présente FROZEN LIGHTS, une exposition méditative et envoûtante de photographes qui ont sublimé la montagne dans la région de l’Engadine. L’œuvre de Douglas Mandry capte particulièrement le regard, à travers une pratique novatrice mêlant sculpture et photographie, mise au service d’un message de protection de l’environnement et des glaciers.
Avec FROZEN LIGHTS, la galerie Bildhalle séjourne en Engadine. Le froid, la lumière, les couleurs… Trois artistes ont créé des œuvres on ne peut plus différentes traitant toutes des caractéristiques visuelles et climatiques qui façonnent l’essence de la région. Située à l’est du pays, dans le canton des Grisons, cette vallée est traversée par l’Inn, cours d’eau qui sillonne le Tyrol autrichien avant de plonger dans le Danube en Bavière. Les auteurices offrent ainsi trois aperçus différents de cette région à la nature puissante, en cultivant chacun·e un rapport intime avec elle et en développant des langages photographiques expérimentaux. Tous·tes trois se sont rendu·es plusieurs fois en Engadine pour les besoins de l’exposition, y créant des œuvres nouvelles et passionnantes. Des projets qui sonnent tels des manifestes en faveur de la protection des écosystèmes de la montagne et rendent hommage à ces paysages aussi somptueux que fragiles.
Les expériences photographiques analogiques de Simone Kappeler, prises avec des films Polaroid et infrarouges, montrent un paysage familier sous une lumière surprenante. Jeffrey Conleys étudie quant à lui le paysage de manière abstraite et suggestive, en capturant ses éléments les plus caractéristiques d’un point de vue formel. Les sculptures en verre de Douglas Mandry, enfin, s’inscrivent dans la continuité de sa fascination pour les glaciers et le changement climatique. Pour FROZEN LIGHTS, il dévoile sa nouvelle série de sculptures Gravity Flow.  

© Douglas Mandry, Amethyst V, 2022 Inkjet print on Hahnemühle Ultra Smooth, 82,5 x 110 cm, Editon 5 & 1 AP

© Douglas Mandry, Amethyst V, 2022 Inkjet print on Hahnemühle Ultra Smooth, 82,5 x 110 cm, Editon 5 & 1 AP

Des glaciers en verre pour nous rappeler la fragilité des écosystèmes

La montagne est un sujet récurrent dans le travail de Douglas Mandry. En 2019, il présentait au festival Circulation(s) une série épatante pour laquelle il avait coloré de mille teintes les montagnes de Turquie, faisant des sommets un espace surréaliste et onirique. Au cœur de FROZEN LIGHTS, il présente un projet novateur, Gravity Flow. Un travail aux techniques mixtes repoussant les limites de la photographie en lui faisant rencontrer la sculpture. L’auteur utilise l’espace vide des cavités naturelles formées par l’eau comme point de départ pour créer des fragments en 3D. Ces derniers sont ensuite coulés et soufflés à la bouche pour en faire des sculptures selon une technique ancestrale de plusieurs milliers d’années. Transformés en objets à part entière, ces fragments d’espaces vides nous rappellent la fragilité de notre écosystème.

Parallèlement à la présentation dans le Forum Paracelsus, une installation extérieure permettra d’observer des sculptures qui, elles aussi, véhiculent un message en faveur de la préservation des montagnes et des habitats de la région de l’Engadine. Une manière de donner à voir le changement climatique et ses effets visibles sur les glaciers suisses. Une œuvre née des cavités présentes à la surface des glaciers. Ces moules naturels sont créés par l’eau de fonte et ne cessent de croître et de se transformer, accélérés par l’influence du réchauffement de la planète. En collaboration avec des chercheurs de l’ETH, ces cuves ont été mesurées à l’aide de scanners 3D, puis reproduites en modèles numériques. Mêlant art et science, Douglas Mandry parvient à nouveau à étudier l’évolution de notre climat, tout en nous sensibilisant à l’urgence de la dissolution des environnements alpins.

 

 © Jeffrey Conley, Light and Drifting Snow, 2020, Archival pigment print on Japanese Bamboo paper, 111.75 x 111.75 cm, Edition 5 & 2 AP© Jeffrey Conley, Light and Drifting Snow, 2020, Archival pigment print on Japanese Bamboo paper, 111.75 x 111.75 cm, Edition 5 & 2 AP

© Jeffrey Conley, Frosted Trees, 2021, Archival pigments on Japanese Kozo paper, 34.5 x 45.5 cm, Edition 10 & 2

© Douglas Mandry, RG-22-16, blown glass sculpture, 30 x 25 x 35 cm, Edition 5.© Douglas Mandry, Installation on Muottas Muragl, Five glass sculptures, Edition 5, on show until August 2022.

© à g. © Douglas Mandry, RG-22-16, blown glass sculpture, 30 x 25 x 35 cm, Edition 5., à d. © Douglas Mandry, Installation on Muottas Muragl, Five glass sculptures, Edition 5, on show until August 2022.

© Douglas Mandry, Amethyst III, 2022 Inkjet print on Hahnemühle Ultra Smooth, 50 x 40 cm, Editon 5 & 1 AP.© Douglas Mandry, Amethyst I, 2022 Inkjet print on Hahnemühle Ultra Smooth, 150 x 112.5 cm, Editon 5 & 1 AP.

à g. © Douglas Mandry, Amethyst III, 2022 Inkjet print on Hahnemühle Ultra Smooth, 50 x 40 cm, Editon 5 & 1 AP., à d. © Douglas Mandry, Amethyst I, 2022 Inkjet print on Hahnemühle Ultra Smooth, 150 x 112.5 cm, Editon 5 & 1 AP.

© Simone Kappeler, Lej da Segl I, 8.4.2019, 2019, Chemical Print on Fujiflex Crystal paper, 92 x 90 cm, Edition 3 & 2 AP.© Simone Kappeler, Murtel digl Crap Alv III, 20.9.2019, 2019, Chemical Print on Fujiflex Crystal paper, 125 x 101 cm, Edition 3 & 2 AP.

à g.  © Simone Kappeler, Lej da Segl I, 8.4.2019, 2019, Chemical Print on Fujiflex Crystal paper, 92 x 90 cm, Edition 3 & 2 AP., à d. © Simone Kappeler, Murtel digl Crap Alv III, 20.9.2019, 2019, Chemical Print on Fujiflex Crystal paper, 125 x 101 cm, Edition 3 & 2 AP.

Image d’ouverture : © Douglas Mandry, Amethyst V, 2022 Inkjet print on Hahnemühle Ultra Smooth, 82,5 x 110 cm, Editon 5 & 1 AP

Explorez
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
© Chloé Milos Azzopardi
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
Du 6 au 28 avril, Maison Sœur accueille Ces corps qui nous traversent, une exposition qui nous inivite à repenser notre rapport au vivant.
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
Les éternels éphémères : des abeilles et des hommes
© Maewenn Bourcelot
Les éternels éphémères : des abeilles et des hommes
C’est un monde sublime et violent, enchanté et tragique, énigmatique et d’une évidence terrible. Avec Les Éternels Éphémères, la...
18 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Ces séries photographiques qui apprivoisent la ville
© Craig-Whitehead
Ces séries photographiques qui apprivoisent la ville
Dans la rue, au cœur du fourmillement de la foule ou au fil des bâtiments qui façonnent la réalité urbaine, les photographes n’ont de...
16 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Fotohaus Bordeaux 2024 : appréhender le littoral et ses territoires autrement
© Nancy Jesse
Fotohaus Bordeaux 2024 : appréhender le littoral et ses territoires autrement
En ce mois d’avril, la ville de Bordeaux célèbre le 8e art. Parmi les nombreuses expositions à découvrir figure Fotohaus Bordeaux, qui...
11 avril 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
© Chloé Milos Azzopardi
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
Du 6 au 28 avril, Maison Sœur accueille Ces corps qui nous traversent, une exposition qui nous inivite à repenser notre rapport au vivant.
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
Photon Tide, le glitch à l'âme
© Photon Tide
Photon Tide, le glitch à l’âme
« Je voudrais que vous n'ayez pas peur de ce qui se trouve dans votre esprit, mais que vous l'embrassiez », déclare Photon Tide, ou « Pho...
19 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Nicolas Jenot : le corps des machines et ses imperfections
© Nicolas Jenot
Nicolas Jenot : le corps des machines et ses imperfections
Expérimentant avec la photo, la 3D ou même le glitch art, l’artiste Nicolas Jenot imagine la machine – et donc l’appareil photo – comme...
18 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Voyage aux quatre coins du monde : la séance de rattrapage Focus !
©Théo Saffroy / Courtesy of Point Éphémère
Voyage aux quatre coins du monde : la séance de rattrapage Focus !
De la Corée du Nord au fin fond des États-Unis en passant par des espaces imaginaires, des glitchs qui révèlent les tensions au sein d’un...
18 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine