Plongez dans notre sélection de livres pour une rentrée douce et engagée !

23 août 2022   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Plongez dans notre sélection de livres pour une rentrée douce et engagée !

À l’approche de la rentrée, les photographes prolongent l’évasion estivale au travers de clichés nimbés de rêves et de soleil. D’autres, à l’inverse, en profitent pour nous faire découvrir de nouvelles thématiques à coup d’images saisissantes. Que vous souhaitiez vous laisser porter par la douceur de l’existence ou renouveler vos engagements, vous trouverez certainement votre bonheur dans cette sélection d’ouvrages dont nous vous avons déjà parlé sur Fisheye !

The vulgarity of being three-dimensional

Une mèche de cheveux argentée brillant face au flash d’un boîtier, une assiette laissée sale dans un évier, de curieuses sculptures de papier mâché, des natures mortes aux fruits à moitié dévorés… Les compositions de Tine Bek étonnent. Ennuyée par la beauté ordinaire, l’artiste venue de Copenhague s’applique à déceler la splendeur dans le banal, voire le laid. À contre-courant des esthètes, elle pointe son appareil vers les constructions instables, oubliables de notre existence pour mieux révéler leur singularité.

The vulgarity of being three-dimensional, Éditions Disko Bay, 40 €, 184 p.

© Tine Bek© Tine Bek

© Tine Bek

© Tine Bek

Faire Face

Un robinet. Une écharpe. Une enceinte. Une rallonge. Un tournevis. Du fil de fer. Drôle d’inventaire que cette (très longue) liste de complices inanimés. Durant un an, Camille Gharbi a épluché les articles de presse annonçant les féminicides commis en France, et a photographié ces objets du quotidien sur un fond neutre et neutralisant. L’exercice a montré qu’il s’agit d’un phénomène de société de toutes les catégories socioculturelles et de tous les âges. Il a aussi témoigné du « danger invisible » pour reprendre les mots de Raphaële Bertho.

Faire Face, The Eye Edition, 35 €, 196 p.

© Camille Gharbi

© Camille Gharbi© Camille Gharbi

© Camille Gharbi

Swimming Pools

Un beau jour de 1988, une petite ville de Slovaquie a vu naître Mária Švarbová. Nous sommes alors un an avant la fin du régime soviétique. Et si la photographe n’a jamais connu le monde communiste, les lieux dans lesquels elle évolue en portent encore les stigmates. Dans cet univers, les visages sont neutres, de telle sorte à ce que le spectateur puisse esquisser les émotions qu’il souhaite sur ces figures éteintes, médiums entre lui et l’image. Mais à travers ses clichés vitaminés, l’artiste désire tout autant l’interroger sur les rôles invétérés que chacun de nous joue dans la société.

Swimming Pools, The New Heroes and Pioneers Editions, 72 €, 256 p.

© Mária Švarbová© Mária Švarbová
© Mária Švarbová© Mária Švarbová

© Mária Švarbová

L’Atlas en mouvement

Direction Marseille. Sous le ciel d’Ali, devant la nature de Marwan et dans les anatomies de Maryam. Au sein du fort Saint-Jean, au Mucem, Mathieu Pernot expose jusqu’au 9 octobre son Atlas en mouvement, soit douze années de travail autour de la migration réunies dans un bel ouvrage aux éditions Textuel. Mais ici, point d’images violentes d’enfants sur les côtes turques. Le photographe français a préféré imaginer un récit polyphonique, fait de rencontres et de créations.

L’Atlas en mouvement, Éditions Textuel, 39 €, 352 p. 

© Mathieu Pernot© Mathieu Pernot

 

© Mathieu Pernot

© Mathieu Pernot

Coulourway

Des fleurs aux teintes solaires font face à des voitures du siècle passé, une architecture symétrique surplombe des paysages idylliques… Le quotidien dépeint par Sophie Hustwick dans Colourway est digne d’un film de Wes Anderson. La douceur avec laquelle la photographe contemple le monde alentour a ce quelque chose qui rappelle l’insouciance de l’enfance. Pareil à une anthologie de jolis petits poèmes du quotidien, l’ouvrage nous rassemblent derrière un sentiment de sérénité et d’optimisme. Chaque tirage nous apprend alors « à être présent et à ralentir pour cadrer ces petits moments » qui ponctuent notre existence.

Coulourway, autoédition, £40, 64 p.

© Sophie Hustwick© Sophie Hustwick

© Sophie Hustwick

© Sophie Hustwick

Long Night Stands with Lonely, Lonely Boys

« Je ne pense pas que j’insiste sur la solitude. Elle est présente que j’écrive ou non à son propos »

, déclare Augustine Paredes. Dans Long Night Stands with Lonely, Lonely Boys, le photographe philippin a documenté, à la façon d’un journal intime, un vaste périple. Celui qu’il a entrepris dans la découverte sinon l’acceptation de sa sexualité. Une traversée esseulée, semblable à une longue nuit, sombre et infinie, dans une mer tourmentée par le souffle lent et puissant de la mélancolie. Voyage introspectif et personnel, celui-ci a pourtant été passé aux côtés de plusieurs garçons de la communauté LGBTQI+.

Long Night Stands with Lonely, Lonely Boys, autoédition, 40 $, 144 p.

© Augustine Paredes

© Augustine Paredes

© Augustine Paredes

Félix

« Où est Félix ? », Cour de l’Archevêché, lors de la première semaine des Rencontres d’Arles, les affiches accrochées par la maison d’édition Le Mulet, interpellait les passant·e·s, les guidant jusqu’à un stand où trônait Félix, un petit ouvrage intriguant. À l’intérieur, des affiches de chats perdus, transformées, sublimées par des encres, des impressions qui rongent les images et font d’un simple avis de recherche une œuvre d’art. Une collection obsédante d’images compilée dans un petit format, rappelant l’art du manga, emblématique de la ligne éditoriale du Mulet : un mélange d’humour et de créativité

Félix, Éditions Le Mulet, disponible en précommande, 300 p. 

© Félix The Saiz

© Félix The Saiz

© Félix The Saiz

Keepers of the ocean 

Une route déserte sous la lumière crépusculaire, les miettes d’un repas entre ami·es, une tempête de neige, une étreinte amoureuse alors que les murmures de la fête s’estompent… La photographie d’Inuuteq Storch marque au fer blanc des instants infimes, fige à coup de flash des moments ordinaires, des échanges fugaces, des visions de passage. Avec une authenticité troublante, il capture le vrai, le familier, sans la moindre mise en scène ni la moindre sublimation. Dans ses clichés, la vie, la sienne, brille par son insouciance et son éclat. Une existence à l’épreuve du drame.

Keepers of the ocean, Éditions Disko Bay, 48 €, 192 p. 

© Inuuteq Storch© Inuuteq Storch

© Inuuteq Storch

© Inuuteq Storch

It’s been pouring | The dark secret of the first year of motherhood

« Les dépressions post-partum toucheraient entre 15% et 30% des femmes […], mais seulement 5 % des mères disent avoir été diagnostiquées. »

 Dans un article du Monde, publié en septembre 2021, ces chiffres glaçants mettaient en lumière un sombre constat : l’arrivée d’un nouveau-né dans une famille est souvent cause de souffrances. Et si, depuis quelques années, certaines jeunes mamans osent prendre davantage la parole, se réapproprier leur corps et partager leur douleur, celles-ci demeurent minoritaires, ne parvenant pas à cacher une triste réalité : la société attend des femmes qu’elles s’épanouissent dans la maternité.

It’s been pouring | The dark secret of the first year of motherhood, Éditions Kehrer Verlag, 48 €, 240 p. 

© Rachel Papo© Rachel Papo

© Rachel Papo

© Rachel Papo

Blacktop Memento, Fragments of erosion

Dans Blacktop Memento, Kevin Couliau a tenu à rendre hommage à ce souvenir du bitume de l’enfance, si cher à son cœur. Au cours de ces quinze dernières années, le photographe nantais s’est ainsi adonné à une véritable étude archéologique de cette surface, « impitoyable pour [ses] genoux, [ses] semelles et [ses] coudes », qui a su façonner son être et ses impressions du monde alentour. À cet effet, il a sillonné le monde à la recherche de terrains de basket, établissant une cartographie tout à fait singulière.

Blacktop Memento, Fragments of erosion, autoédition, 162 p.

© Kevin Couliau© Kevin Couliau
© Kevin Couliau© Kevin Couliau

© Kevin Couliau

Image d’ouverture © Mária Švarbová

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