Les visions poétiques de « Dior par Sarah Moon »

25 octobre 2022   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les visions poétiques de « Dior par Sarah Moon »

Un bel ouvrage publié aux éditions Delpire & Co dévoile les visions de Dior par Sarah Moon. Fruit d’une collaboration qui perdure, ce coffret d’exception entretient un dialogue onirique ou une ode à la féminité dans toutes ses nuances.

« Je trouve que les atmosphères versatiles, intimes et comme suspendues dans le temps qui se dégagent de ces photographies restituent parfaitement mes incessants allers et retours entre passé et présent pour imaginer les scénarios de demain. Elles ont quelque chose de spécial – quelque chose qui relève de la magie –, en raison de la convergence entre la vision de la maison Dior, qui a toujours essayé d’interpréter et de donner forme à la femme contemporaine, et le regard féminin de Sarah Moon en un point imparfait, poreux et chargé d’émotion », commente Maria Grazia Chiuri, directrice artistique des collections femmes. Bien réelle, l’alchimie entre les deux artistes est aujourd’hui consignée dans un bel ouvrage édité chez Delpire & Co, disponible à partir du 3 novembre 2022. Dans un élégant dialogue, entamé en 2016, les médiums de chacune se répondent, puisant du passé les contours des silhouettes du futur.

La féminité dans toute sa complexité

Au fil des pages, la photographe déploie un monde merveilleux, étranger aux aléas du temps. Pareils à des souvenirs évanescents, les monochromes et autres nuances sombres laissent alors place à des songes pluriels où s’élancent des corps gracieux, vêtus d’étoffes riches et légères à la fois. Marqués par des jeux de grains et de flous, les clichés inédits célèbrent la beauté délicate de ces défauts qui n’en sont point. Dans une succession de compositions mises en scène à la Fondation Le Corbusier à Paris, le premier volume décline les New Look de Christian Dior, imaginés entre 1947 et 1957. Le second laisse entrer quelques nuances colorées en s’aventurant dans les archives, signées Yves Saint Laurent, Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano et Raf Simons. Enfin, la troisième section témoigne de l’évolution même de Grazia Maria Chiuri au sein de la Maison, de même que la relation qu’entretiennent les deux femmes.

C’est au cours de ses études, par le prisme des œuvres de Sarah Moon, que Maria Grazia Chiuri découvre la mode. Imprégnée par ces tableaux qui la fascinent, ils ressurgissent en une pléthore de réminiscences dès son arrivée chez Dior. Là-bas, elle interroge la féminité et cherche à en exprimer toute la complexité dont la photographe rend si bien compte. « Il me semble que la signature de Sarah Moon réside dans sa capacité à donner forme à des mouvements inconscients et à des intuitions rétrospectives, à son aptitude à imager des sensations et des atmosphères indicibles. C’est pour toutes ces raisons que son regard a su parfaitement transcrire l’histoire que raconte mon processus de création des collections Dior : celle d’une femme ancrée dans son époque, puisant sa force dans l’écoute de ses émotions », conclut-elle.

Dior par Sarah Moon, Sarah Moon, Delpire & Co, 240 p., 120 €.

© Sarah Moon© Sarah Moon

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