Les coups de cœurs #368

20 décembre 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœurs #368

Antoine Delage et Alizée Delibrias, nos coups de cœur #368 se nourrissent tous deux de leur monde intime pour créer des œuvres et séries aussi touchantes qu’originales.

Antoine Delage

« J’ai commencé la photographie dans un souci de mémoire. Mon attrait pour cet art a commencé bien avant de manipuler un appareil. Petit, j’avais recouvert les murs de ma chambre d’images retraçant ma courte vie – représentant ma famille, mes amies, mes voyages – il ne restait pas un centimètre de papier peint voyant »

, se souvient Antoine Delage, 28 ans. Adolescent, l’auteur commence à découvrir ce qu’il aime particulièrement shooter. Une passion qui le conduit à intégrer ensuite l’ETPA de Toulouse, d’où il sort diplômé en 2015. S’il laisse évoluer son approche, et son esthétique, le photographe se laisse néanmoins guider par une chose : l’émotion. Une préférence qui le pousse à se tourner vers l’homme « sa complexité et ses préjugés, mais aussi le genre, le corps, ou la sexualité », énumère-t-il. En argentique, Antoine Delage préfère aborder l’intimité. « Je traite à travers cette pratique ma vie et ses aléas, comme les ruptures amoureuses, ou encore les voyages », poursuit-il. Dans 23h04, c’est l’Estonie – un pays qu’il a visité en août 2021 – qui retient son attention. « Elle possède une histoire mouvementée, avec un peuple et une culture à cheval entre l’Europe de l’est et les pays nordiques. On y trouve des jeunes ouverts au reste du continent, ainsi qu’une génération ayant connu l’URSS. Les diptyques permettent d’appuyer cette différence, en confrontant deux visions, tout en faisant le constat d’une évolution », confie-t-il.

© Antoine Delage

© Antoine Delage© Antoine Delage
© Antoine Delage© Antoine Delage

© Antoine Delage

© Antoine Delage

Alizée Delibrias

Étudiante en audiovisuel, Alizée Delibrias, 18 ans, est passionnée par le cinéma. « La photographie est la touche sucrée de ma vie », commente-t-elle. Après avoir réalisé de nombreux autoportraits, pour s’initier au médium, l’artiste s’est tournée vers la capture du corps, qu’elle perçoit comme une source d’inspiration sans fin. « Laisser apparaître les mouvements et les détails de la peau sur mes photos dévoile mon attirance pour ce sujet d’étude », poursuit-elle. Ses autres sujets de prédilection ? « Le rêve, le cauchemar et la mort ». Autant de thématiques qui suscitent une certaine fascination. « Les gens me disent que je suis glauque, mais il s’agit de sujets tabous dans notre société. Pourtant, nous y sommes confronté·e·s chaque jour, ce n’est pas quelque chose à ignorer – il faut en être conscient·e·s », ajoute l’autrice. Plongées dans la pénombre, éclairées par quelques faibles lumières, les silhouettes qu’elle met en scène semblent sorties d’un songe. Corps anonymes, vêtements trempés, collés sur les courbes, comme le marbre d’une sculpture, ses sujets révèlent son amour du mystère, et de l’inexplicable. « Dans mes clichés, j’essaie de questionner le regardeur sur lui-même : ce n’est pas seulement l’idée que je veux transmettre qui m’intéresse, mais aussi la manière dont celui ou celle qui la regarde la reçoit, la comprend », conclut-elle.

© Alizée Delibrias

© Alizée Delibrias© Alizée Delibrias
© Alizée Delibrias© Alizée Delibrias

© Alizée Delibrias

© Alizée Delibrias

Image d’ouverture : © Alizée Delibrias

Explorez
Concours #RATPxFisheye : lumière sur les médaillé·es
© Jeanne Pieprzownik
Concours #RATPxFisheye : lumière sur les médaillé·es
Le 3 avril 2024, le jury du concours #RATPxFisheye a désigné ses trois lauréat·es. Guillaume Blot, Jeanne Pieprzownik et Guillaume...
23 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les images de la semaine du 15.04.24 au 21.04.24 : pleins feux sur le potentiel du médium
© Maewenn Bourcelot
Les images de la semaine du 15.04.24 au 21.04.24 : pleins feux sur le potentiel du médium
C’est l’heure du récap‘ ! Les photographes de la semaine creusent l'énigme derrière les images, puisent dans les possibilités du 8e art...
21 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Photon Tide, le glitch à l'âme
© Photon Tide
Photon Tide, le glitch à l’âme
« Je voudrais que vous n'ayez pas peur de ce qui se trouve dans votre esprit, mais que vous l'embrassiez », déclare Photon Tide, ou « Pho...
19 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Nicolas Jenot : le corps des machines et ses imperfections
© Nicolas Jenot
Nicolas Jenot : le corps des machines et ses imperfections
Expérimentant avec la photo, la 3D ou même le glitch art, l’artiste Nicolas Jenot imagine la machine – et donc l’appareil photo – comme...
18 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Concours #RATPxFisheye : lumière sur les médaillé·es
© Jeanne Pieprzownik
Concours #RATPxFisheye : lumière sur les médaillé·es
Le 3 avril 2024, le jury du concours #RATPxFisheye a désigné ses trois lauréat·es. Guillaume Blot, Jeanne Pieprzownik et Guillaume...
23 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Necromancer : Inuuteq Storch, mage noir au service des mythes groenlandais
© Inuuteq Storch
Necromancer : Inuuteq Storch, mage noir au service des mythes groenlandais
Dans Necromancer, un récit monochrome aux frontières du monde spirituel, Inuuteq Storch illustre les coutumes de ses ancêtres, tout en...
23 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
La sélection Instagram #451 : la vie simple
© Melissa Alcena / Instagram
La sélection Instagram #451 : la vie simple
De la photographie de paysage à la nature morte en passant par l'autoportrait, notre sélection Instagram de la semaine est une ode...
23 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Fièvre : les remous intimes de Lorenzo Castore
© Lorenzo Castore
Fièvre : les remous intimes de Lorenzo Castore
Jusqu’au 11 mai, la galerie parisienne S. accueille le photographe Lorenzo Castore, l’un des pionniers de la nouvelle photographie...
22 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina