Les coups de cœur #401

08 août 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les coups de cœur #401

Rebecca Bowring et Lily Zoumpouli, nos coups de cœur #401 allient toutes deux intime et créativité. L’une réinterprète un passé complexe et l’autre construit un carnet visuel libérateur.

Rebecca Bowring

Installée à Genève, Rebecca Bowring a grandi entre deux langues : le français à l’école, et l’anglais dans son foyer. Très tôt, la photographie s’est imposée comme un outil lui permettant de franchir les barrières des langages, de s’affranchir des mots. « Il s’agit pour moi d’un médium durable, mais fragile, à la croisée du singulier et du collectif. En utilisant des fragments d’archives du quotidien, j’essaie de capturer notre mémoire commune, explorant au passage la mise en scène de nos identités », explique-t-elle. Jouant avec la matérialité du médium, la déconstruction et la création de nouvelles images, l’artiste entend interroger les traces de notre existence. C’est en plein confinement que Knowing Thunger Gives Away What Lightning Tries to Hide voit le jour. Un projet inspiré par la sensation de séparation provoquée par cet enfermement obligatoire. « J’ai redécouvert des photos prises il y a quelques années, à l’argentique. J’ai réalisé qu’elles représentaient une respiration, une volonté de me détacher du contrôle de mon partenaire de l’époque », confie-t-elle. Collant ces clichés aux murs, emprisonnement et liberté résonnent, fusionnent, comme une manière de réinterpréter cette situation. « La violence que je subissais ne comprenait ni bleus, ni côtes fêlées, ni saignement. Ce projet entend montrer une autre représentation de la maltraitance », conclut-elle. Une mosaïque où le calme apparent dissimule avec adresse une tension sous-jacente.

© Rebecca Bowring© Rebecca Bowring

© Rebecca Bowring

© Rebecca Bowring© Rebecca Bowring

© Rebecca Bowring

© Rebecca Bowring

Lily Zoumpouli

« Lost Transmissions parle des “étrangèr·es familièr·es” que j’ai croisé·es au détour de mon chemin. Celles et ceux qui sont devenu·es des partenaires, des ami·es puis des inconnu·es à nouveau. La série traite des connexions que l’on forme, des « stories » qui nous modèlent, des émotions que l’on collectionne au fil de notre existence. De la bête qui sommeille en nous – comme de la belle », déclare Lily Zoumpouli. Inspirée par l’art depuis son enfance, l’autrice a fait ses armes à l’école de photographie grecque Stereosis, avant de parfaire son éducation à l’Université d’art Camberwell de Londres, puis au Wimbledon College. Elle développe aujourd’hui une œuvre « auto-documentaire », encapsulant sa vie, son environnement et ses rencontres. « L’anthropologie, la psychologie, la poésie, le symbolisme, l’intime et la mémoire sont autant de thèmes que j’explore et que je creuse à travers mon travail », poursuit celle qui n’hésite pas à mêler argentique, numérique et Polaroïd pour laisser libre cours à sa créativité. Flashs crus, soirées animées, natures mortes insolites… Dans ses diptyques acidulés où se devinent la folie de la jeunesse et l’envie impérieuse de découverte, Lily Zoumpouli fait de Lost Transmissions un carnet intime figeant pour l’éternité une insouciante liberté.

© Lily Zoumpouli

© Lily Zoumpouli© Lily Zoumpouli
© Lily Zoumpouli© Lily Zoumpouli

© Lily Zoumpouli

© Lily Zoumpouli

Image d’ouverture : © Lily Zoumpouli

Explorez
Dans la photothèque d'Adeline Rapon : Sophie Calle, fierté queer et Martinique
© Adeline Rapon, Lien·s, « Sterelle IV », 2023
Dans la photothèque d’Adeline Rapon : Sophie Calle, fierté queer et Martinique
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur...
Il y a 5 heures   •  
Écrit par Milena Ill
La RATP invite Fisheye : décathlon en mode travelling 
© Benjamin Malapris
La RATP invite Fisheye : décathlon en mode travelling 
À l’occasion des Jeux olympiques d’été, la RATP invite de nouveau Fisheye à mettre en avant les talents émergents du 8e art. Les...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Eric Karsenty
La France sous leurs yeux : un kaléidoscope de 200 regards à la BnF
© Marie Quéau / Grande commande photojournalisme
La France sous leurs yeux : un kaléidoscope de 200 regards à la BnF
À partir du 19 mars 2024, la Bibliothèque Nationale de France réunit 200 regards de photographes et autant de sujets inédits, au...
26 mars 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas
Les Rencontres Arles dévoilent le programme de leur 55e édition !
© Équipement, lunettes de protection, flash aveuglant, 1974.
Les Rencontres Arles dévoilent le programme de leur 55e édition !
Les Rencontres d’Arles ont dévoilé le programme de leur 55e édition, qui sera portée par le thème Sous la surface. L’évènement...
25 mars 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Courrier des photographes : à vos plumes !
© Lewis Joly
Courrier des photographes : à vos plumes !
Vous êtes photographe ou vous souhaitez le devenir ? Vous avez des questions sur cette profession qui fait rêver, mais ne savez pas où...
Il y a 1 heure   •  
Écrit par Agathe Kalfas
Dans la photothèque d'Adeline Rapon : Sophie Calle, fierté queer et Martinique
© Adeline Rapon, Lien·s, « Sterelle IV », 2023
Dans la photothèque d’Adeline Rapon : Sophie Calle, fierté queer et Martinique
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur...
Il y a 5 heures   •  
Écrit par Milena Ill
La RATP invite Fisheye : décathlon en mode travelling 
© Benjamin Malapris
La RATP invite Fisheye : décathlon en mode travelling 
À l’occasion des Jeux olympiques d’été, la RATP invite de nouveau Fisheye à mettre en avant les talents émergents du 8e art. Les...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Eric Karsenty
Focus #71 : Sophie Alyz et les oiseaux qui prennent le train
04:54
© Fisheye Magazine
Focus #71 : Sophie Alyz et les oiseaux qui prennent le train
C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Ce mois-ci, Sophie Alyz traite, avec Beak, de l’impact de l’homme sur son environnement au travers...
27 mars 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas