
Les coups de cœur #329
Chochana Rosso et Léo Keler, nos coups de cœur #329, capturent tous deux l’intimité. L’une s’inspire de la littérature pour se mettre en scène, et l’autre immortalise des vacances insouciantes.
Chochana Rosso
« Après avoir travaillé un temps comme graphiste et web designer, j’ai décidé, il y a quelques années, de consacrer tout mon temps à la photographie. Depuis mon premier boîtier argentique, offert par ma mère lorsque j’avais 14 ans, j’ai ce besoin compulsif d’archiver, en un journal visuel, ma vie et celles des personnes qui m’entourent », confie Chochana Rosso, 28 ans. Fascinée par la nudité et la notion de féminité, la photographe « recherche une intimité avec [s]on propre corps ». « La révélation de celui-ci est pour moi une étape importante vers la connaissance de soi », précise-t-elle. C’est durant le premier confinement que naît Littérature. Une série intime, dans laquelle l’artiste se met en scène. « J’ai constaté que beaucoup de gens se tournaient vers la lecture durant cette période. Ce milieu, qui était en péril avec la fermeture des librairies, a reçu un grand soutien du public. Comme beaucoup, la lecture m’a permis de m’échapper. Elle stimulait mon imagination, et me permettait d’échapper à l’isolement des quatre murs de ma chambre », raconte Chochana Rosso. Souhaitant s’immerger davantage dans ces récits, l’autrice imagine une réinterprétation visuelle de grands classiques – Les Liaisons Dangereuses, Orphée, Métamorphoses, Venus Erotica… « Je me suis complètement affranchie du contenu de ces ouvrages, et n’ai interprété que le titre de façon personnelle. Je souhaitais mettre en images les visions qui m’apparaissent », ajoute-t-elle. Intimiste et sensuelle, Littérature se lit comme une collection d’histoires sensibles, pensées comme des évasions.
à g. Métamorphoses, Ovide, à d. Une femme en contre-jour, Gaëlle Josse
à g. Une farouche liberté, Annick Cojean et Gisèle Halimi, à d. Les Liaisons Dangereuses, Choderlos de Laclos
à g. Comme tous les après midis, Zoyâ Pirzâd, à d. Venus Erotica, Anaïs Nin
© Chochana Rosso
Léo Keler
Léo Keler, 28 ans, a grandi au contact de la photographie. « Ma mère écrit sur ce médium et m’a fait découvrir pleins d’auteurs. Mon père (Alain Keler, NDLR) est photojournaliste. Lorsque j’étais enfant, je ne le voyais pas beaucoup – j’avais l’impression de le suivre à travers ses photos », explique-t-il. C’est après avoir voyagé six mois en Géorgie que l’auteur découvre, à son tour, sa passion pour le médium. « En rentrant en France, je me suis lancé dans une formation à l’EMI-CFD (École des métiers de l’information) avec des professeurs tels que Julien Daniel ou Guillaume Herbaut », raconte-t-il. Sensible à la lumière, Léo Keler prend soin de la révéler dans chacune de ses images. « C’est souvent elle qui dicte mes photos, explique-t-il. Aujourd’hui, je considère que j’ai deux approches photographiques : une instinctive, et une autre plus graphique, avec une recherche de lignes, d’angles… Toujours liée à la lumière. » Dans Tinkouze Love, l’artiste explore sa propre mémoire, et raconte des moments intimes. « Il s’agit d’un temps de retrouvailles. C’est un tiroir à souvenirs, qui se déroule pendant l’été 2020, entre deux orages. Des clichés à but médicinal, pour soulager les maux d’aujourd’hui et pour graver cette douce parenthèse qu’ont été ces moments passés au bord d’un petit ruisseau – le Tinkouze », confie-t-il. Un travail rappelant la légèreté et la douceur des beaux jours.


© Léo Keler
Image d’ouverture : © Léo Keler