The Outback Mythologies II

08 février 2018   •  
Écrit par Emma Bubola
The Outback Mythologies II

Antoine Bruy, un des lauréats 2018 du prix HSBC, nous entraîne à Coober Pedy, une mine d’opale perdue à plus de 800 kilomètres au nord d’Adélaïde, en Australie. The White Man’s Hole est ainsi le deuxième volet de The Outback Mythologies, vaste projet en six parties sur les communautés isolées de l’arrière-pays de l’île-continent. Ce portfolio est à retrouver dans notre dernier numéro.

« Ça, c’est la raison pour laquelle je suis revenu à Coober Pedy », raconte Antoine Bruy, dévoilant l’image d’un paysage lunaire couvert de cailloux blancs à perte de vue. Au milieu de l’Outback australien, la ville minière est un lieu surréel. Malgré le climat étouffant, des mineurs percent le sol aride depuis le début du siècle dernier. Ils y cherchent la fortune en traquant une pierre moirée, l’opale, sédimentée dans la roche, sous le désert. Les habitants de Coober Pedy creusent leurs maisons dans les montagnes blanches et vivent sous terre, dans des caves qu’ils appellent des « dog out ». Bien que la fièvre de l’opale soit retombée depuis une trentaine d’années, Coober Pedy demeure une Mecque pour les aventuriers solitaires. « Il y en a qui sont restés bloqués parce qu’ils n’ont jamais trouvé la fortune espérée, d’autres qui ne partent pas parce qu’ils sont nés là-bas et n’ont rien connu d’autre, et certains qui sont simplement attirés par un style de vie au milieu du désert », explique le photographe français qui vit à Lille.

Insérer de la fiction dans le documentaire

Intrigué par la faculté de certains êtres humains à s’isoler dans des milieux inhospitaliers, Antoine Bruy est de retour à Coober Pedy en 2016, après un premier voyage en 2006. Entre-temps, il a travaillé cinq ans en Europe et aux États-Unis pour produire Scrublands, une série sur des personnes qui refusent la civilisation et retournent vivre près de la nature, et qui a été largement diffusée. Dix ans après son premier séjour en Australie, le photographe revient avec une écriture plus affirmée, utilisant le noir et blanc pour « insérer de la fiction dans le documentaire ». Il élimine toutes les couleurs et confie au flash l’écrasement des perspectives, mettant au même niveau les pierres, la poussière et les paysages, qui se retrouvent au centre de la narration. Une manière de brouiller les pistes pour rendre cet environnement absurde encore moins identifiable. Le prochain volet de The Outback Mythologies sera consacré aux communautés aborigènes du nord du pays.

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L’intégralité de cet article est à retrouver dans Fisheye #28, en kiosque et disponible sur Relay.com

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