Le dernier numéro
APPARENCE
Actualités
Audrey Bazin, la curiosité avant tout – Le portrait
Excellence, transmission, partage : voilà les trois principes autour desquels la nouvelle directrice artistique de la Fondation Louis Roederer, Audrey Bazin, annonce vouloir articuler ses missions. Bourses de recherche, partenariats d’exposition, soutien à la jeune création contemporaine… La Fondation, créée en 2011, accompagne entre autres la Bibliothèque nationale de France, le Grand Palais et le Jeu de Paume. Pour Audrey Bazin, qui inaugure ce poste au sein de cette structure indépendante dédiée à l’art et présidée par Frédéric Rouzaud, pas question de faire table rase du passé.
Fisheyemagazine.fr fait peau neuve – L’anniversaire
Nouveau graphisme, nouvelle ergonomie, nouvelles rubriques… le site de Fisheye a commencé sa mue pour vous offrir de nouvelles expériences et partager les découvertes de la rédaction. Rendez-vous le 20 juin, au début de l’été, juste avant les Rencontres d’Arles où nous vous préparons quelques surprises.
Une plateforme pour l’égalité des genres – La politique
Fondée en 2001, l’association International Women in Photo multiplie les interventions, les projets et les plateformes pour aider les femmes photographes à faire entendre leur voix. Un combat au long cours contre la discrimination et les inégalités sociales mené aujourd’hui par ses deux codirectrices : Arantza Aramburu-Hamel et Laure Parise.
Portfolio et histoires
C’est l’histoire d’un désir (et d’un business) d’éternité, de l’infini qui se cache dans les détails, d’une violence hors-norme, du hasard qui fait si belles les choses, de travaux inachevés à jamais et d’un traitement de saveur.
Tromper la mort, Janick Entremont
À 25 ans, Janick Entremont photographie les progrès scientifiques et médicaux amorcés dès les années 1960 et s’attaque à un sujet tabou : la mort. Ou du moins la préservation de la vie. Voir, comprendre, se souvenir, mais surtout lancer des discussions autour des questions existentielles. Tel est le rôle qu’il attribue au 8e art. « Je veux que l’image se détache des chaînes du devoir et du documentaire. Ceci n’est pas un inventaire. Mon sujet de thèse et ma série What Is the Value of if it Does not End ? parle de la vie », et de celles et ceux qui souhaitent la prolonger à tout prix.
Haïkus d’œil, Paul Cupido
Le vol d’un oiseau blanc, le bonheur insouciant d’un bain de minuit, l’eau d’un lac perlé de gouttes de pluie, une assiette brisée… Avec un soin particulier porté à la retouche et à de subtils effets de surfaces, Paul Cupido délivre avec raffinement de petites épiphanies délicatement mâtinées de mystère. L’ordonnancement de ses œuvres s’apparente à un rituel sacré, à un moment de dialogue avec ce qui prend forme devant lui. Que ce soit dans son processus créatif ou dans ses images, Paul Cupido nous invite à l’abandon, à l’émerveillement, à regarder avec attention les cerisiers en fleurs, ou à rester éveillés les soirs de pleine lune.
Genre rage, Paola Paredes
Dans le prolongement de ses deux premières séries, Paola Paredes se livre aujourd’hui à un tout autre exercice avec Skin Deep. Si la mise en scène de soi a laissé place à l’interactivité des images, les problématiques auxquelles fait face la communauté queer équatorienne restent en son cœur. Au fil des portraits s’y déclinent quinze histoires qui mettent à mal les stéréotypes qui tendent à figer genres et sexualités. En contrepoint, la photographe célèbre ainsi toute leur pluralité et achève son triptyque sur une note beaucoup plus optimiste.
Poétiques paréidolies, Marc Donikian
Marc Donikian travaille la photographie abstraite et figurative, celle qui perd les formes et les renouvelle, confond les couleurs et crée des visions hallucinées. Dans ces images, fruits d’une immersion au cœur des paysages, chacun·e perçoit ce qu’il ou elle veut. Une silhouette humaine parée d’un masque semble se dessiner sur un arbre, instinctivement on pense à un personnage de carnaval d’un pays de l’Est. « Je photographie les arbres pour les rendre vivants », déclare l’artiste viennois. À l’écoute des ombres, il joue avec les réminiscences et, en une belle charade poétique, ressuscite l’âme des éléments de la nature.
Maisons du malheur, Markel Redondo
Baignant dans une atmosphère énigmatique, les prises de vues aériennes de Markel Redondo se succèdent et hypnotisent. Le portrait d’un univers dystopique se dessine rapidement : des piscines vides, une nature écorchée, des murs démolis et, surtout, une absence totale de vie… Alors qu’elles dégagent une esthétique graphique puissante, ces images racontent une tout autre histoire : celle de la crise économique espagnole de 2008. À cette époque, le photographe réalise un reportage dans le sud de l’Espagne et découvre un lotissement inachevé, à l’abandon, dans un village de la province de Cadix. Il met à profit plusieurs commandes au sujet de cette crise – pour des médias comme Le Monde et le New York Times ou des associations comme le Secours catholique – afin d’explorer d’autres lieux similaires du pays dont il est originaire.
Peints d’épices, Tobias Nicolai
Les poings liés derrière un poteau, le visage protégé par un masque… Les mystérieux personnages de Tobias Nicolai semblent se battre pour survivre dans un territoire en guerre, où les détails des paysages se confondent dans la poudre cuivrée qui les recouvre. Les corps disparaissent derrière une étrange mixture aux tons sombres, les vêtements se tachent d’ombres marron, les masques chirurgicaux se froissent et se camouflent, effacés par ces nuages sableux. Le monde tel que nous le connaissons a disparu, remplacé par un décor postapocalyptique digne de Mad Max… Pourtant il n’en est rien. À travers The Ritual, le photojournaliste danois Tobias Nicolai illustre une curieuse tradition venue du nord de son pays natal.
Agenda
Moï Ver & Lynne Cohen / Marina Gadonneix. Laboratoires / observatoires
Deux expositions majeures sont présentées au Centre Pompidou. La première est une rétrospective de Moï Ver, photographe, graphiste et peintre, dont l’œuvre est exposée pour la première fois avec plus de 300 documents, dont beaucoup d’inédits. Après des études au Bauhaus où il se nourrit des nouvelles formes artistiques, en photographie comme en peinture, Moshe Vorobeichic (son nom complet) complète sa formation à Paris à l’école de photographie et de cinéma. S’inscrivant dans une suite chronologique, l’exposition Lynne Cohen / Marina Gadonneix – Laboratoires / observatoires, fait dialoguer les travaux de deux photographes qui « partagent un intérêt pour les espaces intérieurs de nos sociétés modernes, des lieux d’étude scientifique aux lieux de divertissement et de consommation », détaillent Florian Ebner et Matthias Pfaller, qui signent le commissariat de l’exposition.
L’Œil urbain
Placée sous la thématique « habiter », cette 11e édition du festival est marquée par les images de Sébastien Van Malleghem sur les Démunis réalisées durant sa résidence dans la commune de Corbeil-Essonnes. Son travail est entouré de prestigieuses signatures : Françoise Huguier, invitée d’honneur, qui présente ses images prises à Singapour ; Ferhat Bouda avec un extrait de son travail sur Les Berbères ; Juliette Pavy qui nous présente Vivre dans une ZAD ; Alexa Brunet et ses Habitats alternatifs ; Rafael Yaghobzadeh qui nous montre Quand la guerre toque à votre porte. Ukraine, notamment.
Manon Lanjouère et Richard Pak, Prix Photographie & Sciences
Les deux premiers lauréats du prix Photographie & Sciences organisé par la Résidence 1+2, à Toulouse, croisent chacun à leur manière les chemins de la fiction, de l’expérimentation et du documentaire. Avec L’Île naufragée, Richard Pak a soumis ses négatifs à une solution d’acide phosphorique pour incarner, à l’image de l’île de Nauru, en Océanie, un territoire sacrifié à l’exploitation du phosphate. Alors que, de son côté, Manon Lanjouère s’est appuyée sur les connaissances acquises à bord de la goélette scientifique Tara, ou à la station biologique de Roscoff, pour imaginer, à partir de matériaux plastiques récupérés sur les plages ou dans des poubelles, de nouvelles formes représentatives des microbiomes et du plancton. Deux créations particulièrement stimulantes, à l’image des démarches décomplexées de la photographie contemporaine.