1970-1976 : les Pionniers

« En 1970, les Rencontres, c’était une bande de copains. Cette osmose entre les gens a perduré les années suivantes : amitié, simplicité et gratuité aidaient à engendrer une belle convivialité (…) William Eugene Smith buvait des coups sur la place du Forum avec des inconnus ! Le summum de cette ambiance, en 1974, c’était le grand repas à Montmajour. Il y avait des tables partout et tout le monde pouvait y participer, il y avait une foule énorme. Jacques Henri Lartigue a fini sur la table en dansant, Henri Cartier-Bresson se cachait derrière son assiette. Tout le monde était brassé en même temps, des gitans sont venus faire la fête… », Jean-Claude Gautrand, photographe

1977-1985 : l’émancipation

« La philosophie des Rencontres, c’était d’accompagner les photographes, de comprendre leurs problématiques et de faire émerger ce qu’il y avait de meilleur en eux. Les photographes, à l’époque, personne ne s’en occupait ou ne manifestait de l’intérêt pour eux. Ils avaient besoin de reconnaissance. J’ai appris des tas de choses à leur contact (…) Comme quand Robert Doisneau m’a expliqué qu’il n’y avait pas de sécurité sociale pour les photographes, et que lui s’était inscrit comme forain, parce qu’un photographe, ça se déplace: c’était ça, son statut social ! », Agnès de Gouvion Saint-Cyr, collaboratrice des Rencontres d’Arles

1986-2001 : turbulences

« Je pense que les Rencontres ont inspiré beaucoup de festivals qui sont nés par la suite, surtout après les années 2000. Le modèle arlésien, c’est un mélange entre expositions, projections et pédagogie », Fred Boucher, créateur et codirecteur de Pôle photographique des Hauts-de-France

2002-2014 : les années Hébel

« En 1987, nous avons montré des photos sous des ponts, dans des églises, dans des appartements… Nous avons tenté une occupation totale de la ville par la photographie. (…) En 2001, la place de la photo avait considérablement évolué. Le monde de l’art contemporain, à la recherche d’un marché intermédiaire, plus accessible, avait commencé à s’intéresser à la photographie. Les photographes s’étaient mis à limiter le nombre de tirages et à les numéroter. La couleur s’était installée, sinon imposée. Et le numérique commençait à pointer le bout de ses capteurs… », François Hébel, ex-directeur des Rencontres

2015-2019 : les années Stourdzé

« Les Rencontres, c’est une expérience globale entre photographie et découverte de la ville. Cette année, il y aura 50 expositions, plus de 250 artistes et 3 500 œuvres exposées… Nous attendons plus d’un million trois cent mille entrées… Arles s’est imposé comme le rendez-vous incontournable de tous les professionnels du métier (…) Ses enjeux ? Se réinventer continuellement. Rester libre et impertinent. Se faire le porte-voix des artistes. S’assurer qu’ils sont entendus, car dans la cacophonie du monde actuel, leur voix importe plus que jamais », Sam Stourdzé, directeur des Rencontres d’Arles