« In extremis », les photos casse-gueule de Sandro Giordano

04 juillet 2014   •  
Écrit par Fisheye Magazine
"In extremis", les photos casse-gueule de Sandro Giordano
On perd le contrôle, on tombe, mais une constante reste : nous sauvons l’objet que nous tenons en main. Paradoxe et rire, c’est le regard burlesque du photographe Sandro Giordano sur la chute.

Sandro Giordano compte aujourd’hui presque 35 000 followers sur son compte Instagram. Il en est le premier surpris.

“In extremis” est mon premier projet photographique. J’ai été acteur pendant 20 ans et je n’aurais jamais imaginé tout lâcher à 41 ans et recommencer à zéro pour quelque chose d’inconnu. La vie est vraiment merveilleuse ! “

 

© Sandro Giordano
© Sandro Giordano

 

Le projet ? Il est né d’une réflexion sur des chutes subies par lui-même et un de ses amis.

« Il y a exactement un an, j’ai été victime d’une violente chute à vélo, à l’issue de laquelle j’ai perdu 30% des capacités de ma main droite. Ce qui est inquiétant, mais finalement très relié à la réalisation de ce projet photographique, c’est que pendant la chute je n’ai pas lâché l’objet que je tenais en main, en tenant le guidon de l’autre. C’était une simple barre de chocolat. Le sang coulait, mon poignet droit était cassé, mais la barre de chocolat était là, serrée dans ma main comme si c’était la chose la plus précieuse au monde. »

 

© Sandro Giordano
© Sandro Giordano

 

« Un de mes amis a passé quarante jours à l’hôpital parce qu’il s’était cassé une jambe en voulant sauver son iPhone d’une chute dans les rochers.  Là, je me suis dit : il y a un problème ! Un grave problème qui concerne une grande partie des gens aujourd’hui, en particulier les Occidentaux. Les choses matérielles, superflues, semblent plus importantes que nos vies. »

 

© Sandro Giordano
© Sandro Giordano

 

© Sandro Giordano
© Sandro Giordano

 

Après une longue réflexion sur le sujet et nos comportements, lui est venue l’idée de la série photographique.

 « J’ai senti naître en moi, au début un peu comme un jeu, l’envie d’immortaliser ce moment de la chute. »

 

© Sandro Giordano
© Sandro Giordano

 

Et du tragique, il en arrive au rire, au burlesque

« Au moment de la chute, tous les rôles que nous interprétons dans la vie disparaissent complètement pour laisser place à l’instinct de survie. A ce moment, lorsqu’on perd le contrôle, on prend des positions absurdes, souvent tragi-comiques, ridicules. De là découle le rire. Etre capable de rire de nous-mêmes, en  nous regardant légèrement de l’extérieur légèrement pourrait être un objectif pour chacun de nous. Nous prenons la vie trop au sérieux ! »

 

© Sandro Giordano
© Sandro Giordano

 

Instagram lui est alors apparu comme un bon moyen de partager sa vision et ses photographies. « Au départ, c’était seulement pour voir quel effet ces photos pouvaient avoir sur les gens. Et je me suis vite aperçu que Instagram est un très bon moyen de partager avec le monde entier. »

 

© Sandro Giordano
© Sandro Giordano

 

© Sandro Giordano
© Sandro Giordano

 

Sandro poste régulièrement de nouvelles photos sur son compte et il avoue : « J’ai la tête pleine de nouvelles histoires à raconter. Des petits mondes qui ne demandent qu’à sortir de mon imagination. »

 

© Sandro Giordano
© Sandro Giordano

 

Au départ plutôt sobres, avec une simple mise en scène, les photographies sont aujourd’hui très colorées et détaillées. L’objet intact et la chute la tête la première sont en revanche toujours des constantes. Toute la série est visible sur son compte Instagram.

 

C.L

Explorez
La Galerie Vu' expose les déambulations de Pia Elizondo et Juanan Requen
© Pia Elizondo / Courtesy of Galerie VU'
La Galerie Vu’ expose les déambulations de Pia Elizondo et Juanan Requen
Du 17 mai au 28 juin 2024, la Galerie Vu’ expose conjointement les travaux de Pia Elizondo autour de la perte et du deuil, et celui de...
27 mars 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Les coups de cœur #485 : D.M. Terblanche et Juliette Seguin
© D. M. Terblanche
Les coups de cœur #485 : D.M. Terblanche et Juliette Seguin
D.M. Terblanche et Juliette Seguin, nos coups de cœur de la semaine, se servent de leur boîtier pour sonder le monde alentour. Les deux...
25 mars 2024   •  
Les images de la semaine du 18.03.24 au 24.03.24 : noir et blanc en puissance
© Sylvie Bonnot
Les images de la semaine du 18.03.24 au 24.03.24 : noir et blanc en puissance
C’est l’heure du récap‘ ! Les photographes de Fisheye capturent délicieusement les nuances de vie en noir et blanc, ou en clair-obscur....
24 mars 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Kler : le récit tendre et radical d'une transition
© Joël Alain Dervaux
Kler : le récit tendre et radical d’une transition
Kler, états de présence est le solo show de Joël Alain Dervaux, qui suit depuis des années la transition d’un jeune homme, Kler. Avec une...
20 mars 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Courrier des photographes : à vos plumes !
© Lewis Joly
Courrier des photographes : à vos plumes !
Vous êtes photographe ou vous souhaitez le devenir ? Vous avez des questions sur cette profession qui fait rêver, mais ne savez pas où...
28 mars 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas
Dans la photothèque d'Adeline Rapon : Sophie Calle, fierté queer et Martinique
© Adeline Rapon, Lien·s, « Sterelle IV », 2023
Dans la photothèque d’Adeline Rapon : Sophie Calle, fierté queer et Martinique
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur...
28 mars 2024   •  
Écrit par Milena Ill
La RATP invite Fisheye : décathlon en mode travelling 
© Benjamin Malapris
La RATP invite Fisheye : décathlon en mode travelling 
À l’occasion des Jeux olympiques d’été, la RATP invite de nouveau Fisheye à mettre en avant les talents émergents du 8e art. Les...
28 mars 2024   •  
Écrit par Eric Karsenty
Focus #71 : Sophie Alyz et les oiseaux qui prennent le train
04:54
© Fisheye Magazine
Focus #71 : Sophie Alyz et les oiseaux qui prennent le train
C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Ce mois-ci, Sophie Alyz traite, avec Beak, de l’impact de l’homme sur son environnement au travers...
27 mars 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas