Tout in haut de’ch terril

08 janvier 2019   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Tout in haut de’ch terril

Charles Delcourt a arpenté les terrils du Nord de la France en 2008, guidé par le plaisir de la rencontre, les surprises de l’errance et une curiosité aiguë pour ce territoire. Dans le Fisheye #6, nous lui avons laissé la parole pour décrire ce reportage qui ne s’interdit pas l’humour.

« Le paysage du Nord est entièrement manufacturé, façonné par l’homme et ses usages. Les terrils du bassin minier lensois le sont aussi. Ces monts de schiste, sous-produit de l’exploitation du charbon, dépassent parfois 100 mètres de hauteur et s’imposent au regard, témoins récurrents de l’histoire des lieux, chapelet d’obstacles suivant une ligne est-ouest qui entaille ce pays. Le reportage est rythmé par ces relais visuels. La navigation s’est donc faite à vue, un terril en appelant un autre, de l’extrémité ouest du bassin minier, à Bruay-la-Buissière, en allant vers l’est, jusqu’à Oignies. Ce travail égraine les sommets, utilisant ce prétexte pour s’attarder sur la vie qui s’écoule au pied de ces géants et chercher à définir l’essence des lieux. Aujourd’hui, vingt ans après les dernières fermetures des mines qui les ont créés, les terrils ont évolué de manière indépendante, au gré des intentions politiques ou industrielles, jusqu’à développer une identité propre. On les retrouve donc ainsi  : bruts et minéraux ; paysagés par l’homme ou reconquis par une végétation spontanée ; convertis en pistes de ski ou en bases nautiques ; ré-exploités pour leur schiste rouge ; entaillés, aplanis ou même transformés en station d’épuration… Des spectacles ou des randonnées y sont organisés.

Entre reconversion, aménagement ou laisser-aller, les scenarii sont très divers. Reste partout l’attachement que leur porte la proche population. Les terrils sont intégrés à l’environnement quotidien, appropriés par les habitants, désormais voisins de ces montagnes. La ville s’est étendue jusqu’à les entourer, les digérer presque tout entiers. Ils dominent d’anciens corons réhabilités, des collèges, des aires de gens du voyage, des terrains de sport, des zones industrielles ou des parcelles agricoles. Ainsi intégrés à l’environnement et à la vie ordinaire, ils rappellent à toute une population son histoire. Identitaires, ils sont des repères, des totems pour une population que le passé minier rassemble. Malgré la dureté de la tâche, la nostalgie de l’époque minière est bien présente. Dans chaque commune, au pied de chaque terril, des guides d’un jour se sont spontanément proposés. Pas économes de leur temps, ils m’ont fait découvrir leurs terrils et la problématique locale avec une certaine fierté. »

Un projet photographique à retrouver dans le livre Face Nord paru aux éditions Light Motiv et accompagné des textes de l’écrivain Andreï Kourkov.

© Charles Delcourt

© Charles Delcourt© Charles Delcourt

© Charles Delcourt

© Charles Delcourt© Charles Delcourt
© Charles Delcourt© Charles Delcourt

© Charles Delcourt

© Charles Delcourt© Charles Delcourt

© Charles Delcourt

© Charles Delcourt© Charles Delcourt

© Charles Delcourt

Explorez
Avec Unique, le Hangar joue la carte du singulier pluriel
© Douglas Mandry, Retardant Panels (2023)
Avec Unique, le Hangar joue la carte du singulier pluriel
La nouvelle exposition du Hangar, à Bruxelles, met en lumière une vingtaine d’artistes qui ont choisi de transformer leurs photographies...
24 avril 2024   •  
Écrit par Eric Karsenty
La sélection Instagram #451 : la vie simple
© Melissa Alcena / Instagram
La sélection Instagram #451 : la vie simple
De la photographie de paysage à la nature morte en passant par l'autoportrait, notre sélection Instagram de la semaine est une ode...
23 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
© Chloé Milos Azzopardi
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
Du 6 au 28 avril, Maison Sœur accueille Ces corps qui nous traversent, une exposition qui nous inivite à repenser notre rapport au vivant.
19 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Les éternels éphémères : des abeilles et des hommes
© Maewenn Bourcelot
Les éternels éphémères : des abeilles et des hommes
C’est un monde sublime et violent, enchanté et tragique, énigmatique et d’une évidence terrible. Avec Les Éternels Éphémères, la...
18 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les femmes s'exposent à Houlgate pour une nouvelle édition !
© Alessandra Meniconzi, Mongolia / Courtesy of Les femmes s'exposent
Les femmes s’exposent à Houlgate pour une nouvelle édition !
Le festival Les femmes s'exposent réinstalle ses quartiers dans la ville normande Houlgate le temps d'un été, soit du 7 juin au 1er...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Milena Ill
Flashs et paysages : les mondes mystiques d'lnka&Niclas
Family Portrait © Inka&Niclas
Flashs et paysages : les mondes mystiques d'lnka&Niclas
Des vagues et des palmiers rose-orangé, des silhouettes incandescentes, des flashs de lumières surnaturels dans des paysages grandioses....
24 avril 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas
Avec Unique, le Hangar joue la carte du singulier pluriel
© Douglas Mandry, Retardant Panels (2023)
Avec Unique, le Hangar joue la carte du singulier pluriel
La nouvelle exposition du Hangar, à Bruxelles, met en lumière une vingtaine d’artistes qui ont choisi de transformer leurs photographies...
24 avril 2024   •  
Écrit par Eric Karsenty
Concours #RATPxFisheye : lumière sur les médaillé·es
© Jeanne Pieprzownik
Concours #RATPxFisheye : lumière sur les médaillé·es
Le 3 avril 2024, le jury du concours #RATPxFisheye a désigné ses trois lauréat·es. Guillaume Blot, Jeanne Pieprzownik et Guillaume...
23 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine