Les Shan Shui à l’ère du capitalisme 

11 avril 2018   •  
Écrit par Anaïs Viand
Les Shan Shui à l’ère du capitalisme 

En 2016, Sébastien Tixier et Raphaël Bourelly ont voyagé de Shizuishan à Lanzhou, en Chine, en évitant les sentiers battus. Deux artistes et un regard commun sur les effets de l’industrialisation et de l’urbanisation. Avec leur série Shan Shui, ils dressent un portrait réaliste du centre de la  Chine.

« Les montagnes, piliers du ciel, disparaissent pour laisser la place au vide, puis au béton. » Sébastien Tixier et Raphaël Bourelly donnent le ton. Après un an de recherches et un mois sur le terrain, les deux photographes français ont dressé un portrait contrasté du centre de la Chine. Car la croissance débridée de  ce pays a entraîné un développement industriel et urbain des régions, entre Shizuishan et Lanzhou. Et avec elle, de nouveaux défis sont apparus : assèchement et pollution des cours d’eau, aplanissements des montagnes. L’ère de la peinture shanshui – peinture dont les éléments essentiels sont l’eau et la montagne –, semble révolue. « C’est ainsi que le projet a fini de se mettre en place. Il s’agissait de porter un regard sur ces problématiques, que l’on retrouve partout dans le monde à diverses échelles, mais qui, dans ces régions chinoises, se retrouvent “concentrées” et offrent un contraste intéressant avec la tradition. »

Un pays fait de contrastes et d’errances

« La ville de Lanzhou capte une majorité de l’économie et laisse son empreinte dans le relief », explique le duo. Dans cette province, si la ville ne cesse de s’étendre, la nature est de moins en moins préservée et on détruit pour bâtir à nouveau, au détriment des locaux. « En 2014, du benzène – un composant chimique cancérigène – a été retrouvé dans l’eau du robinet à des concentrations 20 fois supérieures au niveau de sécurité nationale », rappellent Sébastien Tixier et Raphaël Bourelly. Durant leur périple, tous deux documentent les travaux d’intervention sur le réseau fluvial comme les constructions laissées à l’abandon. Un état des lieux réaliste.

Plus qu’une ode à la nature, la série des deux acolytes prône un retour aux sources, dans la lignée de la pensée taoïste. Ce courant invite à se rapprocher des montagnes et des forêts, et préconise une non-intervention sur la nature. Sébastien Tixier et Raphaël Bourelly rappellent avec brio l’urgence de notre situation : aller contre ces principes pourrait « mener au chaos ». Un projet à retrouver à la galerie Le 247 à partir du 3 mai.

© Tixier & Bourelly© Tixier & Bourelly© Tixier & Bourelly© Tixier & Bourelly

© Tixier & Bourelly

© Tixier & Bourelly© Tixier & Bourelly© Tixier & Bourelly© Tixier & Bourelly© Tixier & Bourelly© Tixier & Bourelly

© Sébastien Tixier et Raphaël Bourelly

Explorez
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
© Chloé Milos Azzopardi
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
Du 6 au 28 avril, Maison Sœur accueille Ces corps qui nous traversent, une exposition qui nous inivite à repenser notre rapport au vivant.
19 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Les éternels éphémères : des abeilles et des hommes
© Maewenn Bourcelot
Les éternels éphémères : des abeilles et des hommes
C’est un monde sublime et violent, enchanté et tragique, énigmatique et d’une évidence terrible. Avec Les Éternels Éphémères, la...
18 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Ces séries photographiques qui apprivoisent la ville
© Craig-Whitehead
Ces séries photographiques qui apprivoisent la ville
Dans la rue, au cœur du fourmillement de la foule ou au fil des bâtiments qui façonnent la réalité urbaine, les photographes n’ont de...
16 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Fotohaus Bordeaux 2024 : appréhender le littoral et ses territoires autrement
© Nancy Jesse
Fotohaus Bordeaux 2024 : appréhender le littoral et ses territoires autrement
En ce mois d’avril, la ville de Bordeaux célèbre le 8e art. Parmi les nombreuses expositions à découvrir figure Fotohaus Bordeaux, qui...
11 avril 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
© Chloé Milos Azzopardi
Ces corps qui nous traversent : réparer notre relation au vivant
Du 6 au 28 avril, Maison Sœur accueille Ces corps qui nous traversent, une exposition qui nous inivite à repenser notre rapport au vivant.
19 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Photon Tide, le glitch à l'âme
© Photon Tide
Photon Tide, le glitch à l’âme
« Je voudrais que vous n'ayez pas peur de ce qui se trouve dans votre esprit, mais que vous l'embrassiez », déclare Photon Tide, ou « Pho...
19 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Nicolas Jenot : le corps des machines et ses imperfections
© Nicolas Jenot
Nicolas Jenot : le corps des machines et ses imperfections
Expérimentant avec la photo, la 3D ou même le glitch art, l’artiste Nicolas Jenot imagine la machine – et donc l’appareil photo – comme...
18 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Voyage aux quatre coins du monde : la séance de rattrapage Focus !
©Théo Saffroy / Courtesy of Point Éphémère
Voyage aux quatre coins du monde : la séance de rattrapage Focus !
De la Corée du Nord au fin fond des États-Unis en passant par des espaces imaginaires, des glitchs qui révèlent les tensions au sein d’un...
18 avril 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine