Les Rencontres de Bamako en escale à Chamarande

06 février 2020   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Les Rencontres de Bamako en escale à Chamarande

Les Rencontres de Bamako de 2019 posent leurs valises au Domaine départemental de Chamarande. Une série d’expositions poignantes de femmes photographes venues d’Afrique.

C’est en terre africaine, plus précisément au Mali, où la 12e édition des Rencontres de Bamako battait son plein que le dernier numéro de Fisheye nous transportait. Un événement aussi dépaysant que réjouissant. Mais la frustration géographique n’est que de courte durée car le festival d’envergure internationale fait une excursion en France. Du 1er février au 29 mars, le Domaine de Chamarande accueille une anthologie de la biennale africaine de la photographie. Cette exposition résulte d’une coopération décentralisée entre le Mali et le département de l’Essonne. « Existant depuis 1996, ce partenariat a pour objectif de travailler sur des projets de développement pour renforcer les institutions. », explique Christel Tschaegle, cheffe de service du développement culturel et patrimonial des territoires de l’Essonne. « Les questions culturelles sont primordiales dans ce programme », ajoute-t-elle.

Pour Lassana Igo Diara, Délégué Général des Rencontres de Bamako, l’émotion est au rendez-vous. « Je suis honoré de représenter la biennale en France. Pour ses 25 ans, nous avons créé une édition spéciale. La conception de la scénographie a été pensé comme radicale. L’incidence politique ne nous effraie pas. », confie-t-il. Éditeur et gérant d’une galerie à Bamako, Lassana Igo Diara œuvre quotidiennement pour la place de l’art dans sa région. Véritable acteur culturel de sa région, il souhaite que cette 12e édition rende hommage « à nos mères, femmes, sœurs et nos filles ».

© Fatoumata Tioye Coulibaly Tioye

© Fatoumata Tioye Coulibaly Tioye

Conscience et poésie féminine

« À 25 ans, rêverie et révolution sont légitimes. À 25 ans osons donc renverser la table et exprimons l’inventivité africaine », annonce Lassana Igo Diara dans un poème voué à l’anniversaire de la biennale. Ces quelques proses siéent à merveille l’univers des deux collectifs présentés à Chamarande : L’Association des Femmes Photographes du Mali (AFPM) et le collectif panafricain MFON (Women Photographers of the African Diaspora). Ainsi que celui de la lauréate du prix Seydou Keïta 2019 : Adeola Olagunju. Mettre en lumière la crème des photographes féminines est le leitmotiv des programmateurs. « Nous avons eu la prétention d’être des hommes féministes », confesse le Délégué Général. En Afrique, le paradigme de changer l’image du genre féminin s’active au fil des années. 

Les artistes se battent jour après jour pour promouvoir leur talent – et avant tout – leurs droits en tant que femmes. Leur moteur de survie est la créativité. Elles s’alimentent de nourriture intellectuelle. Les photographes de l’AFPM se sont tristement unies autour de la thématique de la condition de la femme dans la société malienne. Un quotidien où les conventions sociales et culturelles rythment leur existence et où les sévices physiques et psychologiques n’en finissent plus. Plutôt que de vivre par délégation une vie d’esclaves, les photographes prennent le pouvoir. Ces héroïnes invitent les jeunes filles et les femmes, à agir à contre-courant de cette société et laissent un message d’espoir et de sororité. Une exposition procurant un maelström de sensations. 

 

Rencontres de Bamako, biennale africaine de la photographie

Du 1er février au 29 mars 2020

Domaine départemental de Chamarande (À l’Orangerie du Château)

38 rue du Commandant Arnoux, 91730 Chamarande

 

© Deborah Jack© Fanta Diarra

à g. © Deborah Jack, à d. © Fanta Diarra

© Miranda Barnes

© Miranda Barnes

© Fatoumata Diabaté

© Fatoumata Diabaté

© Lola Akinmade Akerström

© Lola Akinmade Akerström

Explorez
Dans l’œil de Kin Coedel : l'effet de la mondialisation sur les regards
© Kin Coedel
Dans l’œil de Kin Coedel : l’effet de la mondialisation sur les regards
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de Kin Coedel, à l’origine de la série Dyal Thak. Dans ce projet poétique, dont nous vous parlions déjà...
22 avril 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Quand la photographie s’inspire de la mode pour expérimenter
© Hugo Mapelli
Quand la photographie s’inspire de la mode pour expérimenter
Parmi les thématiques abordées sur les pages de notre site comme dans celles de notre magazine se trouve la mode. Par l’intermédiaire de...
17 avril 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dans l’œil de J.A. Young : l’hydre monstrueuse qui domine les États-Unis
© J.A. Young
Dans l’œil de J.A. Young : l’hydre monstrueuse qui domine les États-Unis
Cette semaine, plongée dans l’œil de J.A. Young. Aussi fasciné·e que terrifié·e par les horreurs que le gouvernement américain dissimule...
15 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les images de la semaine du 08.04.24 au 14.04.24 : du bodybuilding au réalisme magique
© Kin Coedel
Les images de la semaine du 08.04.24 au 14.04.24 : du bodybuilding au réalisme magique
C’est l’heure du récap‘ ! Les photographes de la semaine s'immergent en profondeur dans diverses communautés, avec lesquelles iels...
14 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Concours #RATPxFisheye : lumière sur les médaillé·es
© Jeanne Pieprzownik
Concours #RATPxFisheye : lumière sur les médaillé·es
Le 3 avril 2024, le jury du concours #RATPxFisheye a désigné ses trois lauréat·es. Guillaume Blot, Jeanne Pieprzownik et Guillaume...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Necromancer : Inuuteq Storch, mage noir au service des mythes groenlandais
© Inuuteq Storch
Necromancer : Inuuteq Storch, mage noir au service des mythes groenlandais
Dans Necromancer, un récit monochrome aux frontières du monde spirituel, Inuuteq Storch illustre les coutumes de ses ancêtres, tout en...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Lou Tsatsas
La sélection Instagram #451 : la vie simple
© Melissa Alcena / Instagram
La sélection Instagram #451 : la vie simple
De la photographie de paysage à la nature morte en passant par l'autoportrait, notre sélection Instagram de la semaine est une ode...
23 avril 2024   •  
Écrit par Milena Ill
Fièvre : les remous intimes de Lorenzo Castore
© Lorenzo Castore
Fièvre : les remous intimes de Lorenzo Castore
Jusqu’au 11 mai, la galerie parisienne S. accueille le photographe Lorenzo Castore, l’un des pionniers de la nouvelle photographie...
22 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina