Au micro de « Regardez voir » #56

22 août 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Au micro de « Regardez voir » #56

Cette semaine, Brigitte Patient rencontre le couple à l’origine de la collection Bachelot. Focus ensuite sur trois photographes de l’intime : Julien Magre, Emmanuelle Brisson et Dorian François.

Brigitte Patient dialogue d’abord avec Florence et Damien Bachelot au sujet de leur impressionnante collection photographique. Ensemble, ils reviennent sur leurs premiers achats du couple, constitués de photos françaises humanistes. Des sujets qui les interpellent, mais également une photographie qui n’intéressait, à l’époque que peu d’institutions et de collectionneurs. Lors de leurs premiers pas, Florence et Damien se font conseiller par Sam Stourdzé – le directeur des Rencontres d’Arles. Un précieux mentor qui les forme avec brio.

Les Bachelot dévoilent ensuite leurs préférences en matière d’image : elle s’intéresse à la lumière, à la couleur, tandis qu’il remarque plutôt la structure des photos. Des visions différentes, réunies dans quelques-uns de leurs coups de cœur, notamment Saul Leiter, donc les Bachelot possèdent 41 pièces. « Il nous faut quelqu’un qui apporte une écriture à la photographie », affirme Damien. Photographe ayant toujours souhaité être peintre, Saul Leiter soigne ses cadrages, ses couleurs et ses aplats avec une rigueur picturale qui charme le couple. Une virée au cœur d’une grande collection photographique, construite par un duo de passionnés.

© Henri Cartier Bresson / Florence et Damien Bachelot© Joel Meyerowitz

© à g. Henri Cartier-Bresson, à d. Joel Meyerowitz / Florence et Damien Bachelot

série « Les Invisibles » © Véronique Ellena© Saul Leiter

© à g. Véronique Ellena, à d. Saul Leiter / Florence et Damien Bachelot

Focus sur trois photographes qui s’intéressent à l’intimité. Selon Julien Magre, une bonne photographie ne dépend pas de règle imposée, c’est le public qui juge de sa qualité. L’artiste capture l’intimité de sa propre famille depuis plusieurs années. « Lorsque je suis photographe, je ne suis plus mari, ni père », explique-t-il. Il prend ainsi la position instinctive de spectateur. Ses clichés ne sont pas mis en scène, et capturent ses modèles avec naturel. L’objectif devient alors témoin du bonheur familial, mais également des grands malheurs, comme celui du décès de la fille de Julien, Suzanne, à la suite d’un cancer. Une épreuve qu’il évoque avec émotion en se replongeant dans le passé le temps d’un cliché.

Emmanuelle Brisson, elle, a un véritable besoin de faire des images. Très vite, elle souhaite travailler avec des modèles, et se met en scène devant son objectif. Alors que son travail commence à attirer l’attention, elle se lance dans une série particulière : Les profondeurs du cœur. « Ce qui me porte, c’est la sincérité dans mon travail photographique », confie l’artiste. Avec affection, elle consacre cette série à sa mère, « une vieille dame belle, seule et forte », qu’elle souhaitait mettre à l’honneur. Dans un travail esthétique de mise en scène, elle donne à voir la dureté de la vieillesse de la plus belle des façons.

Enfin, Dorian François évoque son ouvrage, Pépé. Alors qu’il rentre d’un voyage en Chine, le photographe rend visite à ses grands-parents, à Bergerac, lors d’un été. En quelques mois, sa grand-mère et sa grand-tante décèdent et leur mort marque profondément le jeune homme. Il s’impose alors d’aller voir son grand-père plus souvent, afin de documenter sa vie de solitaire. Pépé propose un voyage délicat en noir et blanc. « C’est comme ça que je sais m’exprimer, on est ainsi sur une intention, sur l’évocation d’une atmosphère », explique Dorian. « Le noir et blanc laisse un espace pour celui regarde ».

© Julien Magre

© Julien Magre

© Julien Magre© Emmanuelle Brisson

© à g. Julien Magre, à d. Emmanuelle Brisson

© Emmanuelle Brisson© Emmanuelle Brisson

© Emmanuelle Brisson

© Dorian François

© Dorian François

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