Akihito Yoshida : à fleur de vie

07 janvier 2020   •  
Écrit par Eric Karsenty
Akihito Yoshida : à fleur de vie

Dans sa série The Absence of Two, le photographe japonais Akihito Yoshida dépeint avec grâce et sensibilité les liens qui unissent les êtres. Un voyage bouleversant au cœur de l’intime, à découvrir à la Fisheye Gallery.

C’est une histoire de famille contée avec toute la délicatesse de la culture japonaise à travers une série de photographies particulièrement émouvantes. Dans la petite ville de Kunitomi, située sur l’île de Kyushu, vit Yukimi, née en 1928. La vieille dame a deux petits-fils : Daiki, né en 1990, qu’elle élève seule, car les parents du petit travaillent et ne peuvent s’occuper de lui, et Akihito Yoshida, de dix ans l’aîné de Daiki. Akihito, qui est devenu photographe, décide un jour de documenter la relation unique entre sa grand-mère et son petit cousin.

Une histoire d’amour ordinaire et touchante

« Elle vivait avec lui dans la même maison, et dormait près de lui dans la même pièce »,

explique le photographe, qui recueille avec pudeur les gestes d’amour tissés au quotidien. De la grand-mère donnant le bain à son petit-fils, la situation s’inverse au fil des années et c’est désormais le jeune homme qui prend soin d’elle. « J’ai grandi enveloppé de l’affection de ma grand-mère, il est naturel que je m’occupe d’elle jusqu’à sa mort », confie Daiki à son cousin photographe. Jusqu’au jour où le jeune homme part en scooter, et ne réapparaît pas. Ce sont les derniers clichés de lui pris par Akihito Yoshida.

© Akihito Yoshida / Fisheye Gallery

On le retrouvera un an plus tard, recouvert de feuilles mortes, au cœur d’une forêt. Il avait 23 ans, on suppose le suicide. Yukimi, après avoir longtemps attendu son retour, décède quelque temps après la découverte de son corps. C’est cette histoire d’amour ordinaire et profondément touchante que dessinent les images du photographe. « Toutes ces photos, voilà ce qui reste de leur vie à tous les deux, ce temps passé ensemble à s’entraider, à prendre soin l’un de l’autre. J’ai retenu des images qui capturent des moments de cette vie quotidienne dans cette ville rurale. C’est un moyen pour moi de leur tendre la main et de dialoguer à nouveau avec eux », conclut le photographe.

The Absence of Two a été exposé dans le cadre du festival Kyotographie, au Japon, et à Lianzhou, en Chine, en 2017, puis lors du festival photo de Singapour en 2018. Ce travail a aussi fait l’objet d’un livre aux éditions Xavier Barral, Une double absence, au printemps 2019.
Accompagnant l’exposition The Absence of Two à la Fisheye Gallery – la première fois que ce travail est présenté en Europe – un livre d’artiste fabriqué par l’auteur, avec une nouvelle sélection d’images et un tirage au platine palladium unique, signé et numéroté, sera disponible en cinq exemplaires.

 

The Absence of Two

Du 10 janvier au 14 mars 2020

Fisheye Gallery

2, rue de l’Hôpital-Saint-Louis, Paris 10e

© Akihito Yoshida / Fisheye Gallery© Akihito Yoshida / Fisheye Gallery

© Akihito Yoshida / Fisheye Gallery© Akihito Yoshida / Fisheye Gallery

© Akihito Yoshida / Fisheye Gallery© Akihito Yoshida / Fisheye Gallery

© Akihito Yoshida / Fisheye Gallery

Explorez
Les coups de cœur #493 : Albertine Hadj et Alessandro Truffa
© Albertine Hadj
Les coups de cœur #493 : Albertine Hadj et Alessandro Truffa
Nos coups de cœur de la semaine, Albertine Hadj et Alessandro Truffa, emploient la photographie comme une manière de retranscrire et...
Il y a 5 heures   •  
Écrit par Milena Ill
Les images de la semaine du 13.05.24 au 19.05.24 : la fragilité de l’existence
© Jana Sojka
Les images de la semaine du 13.05.24 au 19.05.24 : la fragilité de l’existence
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes donnent à voir les déclinaisons de la fragilité de l’existence.
19 mai 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Quand l’étranger devient intime : les dialogues ininterrompus de Jana Sojka
© Jana Sojka
Quand l’étranger devient intime : les dialogues ininterrompus de Jana Sojka
Jana Sojka imagine des diptyques afin de donner cours à un dialogue ininterrompu. Dans un nuancier crépusculaire lui inspirant sérénité...
17 mai 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Charlie Tallott est le lauréat 2024 du prix Photo London x Nikon
© Charlie Tallott
Charlie Tallott est le lauréat 2024 du prix Photo London x Nikon
Le 15 mai 2024, à la Somerset House, le Photo London x Nikon Emerging Photography Award a annoncé son nouveau lauréat : Charlie Tallott....
16 mai 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Forgotten in The Dark : l’hommage dansant de Tom Kleinberg
© Tom Kleinberg
Forgotten in The Dark : l’hommage dansant de Tom Kleinberg
Le festival Circulation(s) n’en finit pas de faire briller la jeune photographie européenne. Dans l’un des cubes de l’espace central du...
Il y a 1 heure   •  
Écrit par Hugo Mangin
Les coups de cœur #493 : Albertine Hadj et Alessandro Truffa
© Albertine Hadj
Les coups de cœur #493 : Albertine Hadj et Alessandro Truffa
Nos coups de cœur de la semaine, Albertine Hadj et Alessandro Truffa, emploient la photographie comme une manière de retranscrire et...
Il y a 5 heures   •  
Écrit par Milena Ill
Dans l’œil de Pelle Cass : déchiffrer le chaos d’un terrain de sport
© Pelle Cass
Dans l’œil de Pelle Cass : déchiffrer le chaos d’un terrain de sport
Cette semaine, plongée dans l’œil de Pelle Cass. Dans Crowded Fields, le photographe américain immortalise des terrains de sport sur...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 13.05.24 au 19.05.24 : la fragilité de l’existence
© Jana Sojka
Les images de la semaine du 13.05.24 au 19.05.24 : la fragilité de l’existence
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes donnent à voir les déclinaisons de la fragilité de l’existence.
19 mai 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet