Depuis une dizaine d’années, Satoshi Saïkusa se tourne vers une approche plasticienne de la photographie où les thèmes de la mémoire et la fragilité de l’existence paraissent de manière récurrente, nous éclairant sur ses propres préoccupations. Décliné sous la forme de dessins, compositions photo-entomologiques, vidéo ou encore sculptures, le concept bouddhiste d’impermanence semble engager un dialogue incessant avec celui de memento-mori. L’artiste n’échappe pas en effet à cette méditation philosophique sur le sens de la vie, comme en témoigne le corpus d’œuvres présenté ici, où l’on repère une iconographie riche de symboles tels que la eur, le crâne ou le papillon. Au Japon, l’usage impose de ne pas expliquer entièrement les choses mais plutôt d’indiquer une direction sémantique et inviter l’autre à livrer sa propre interprétation. Partisan de cette maïeutique de l’esprit, Saïkusa préfère dans ses œuvres soulever des interrogations plutôt que de délivrer quelconque message. Puisant son inspiration dans la nouvelle “Dans le fourré” du célèbre auteur nippon Ryūnosuke Akutagawa (1892-1927), l’artiste détourne le medium photographique, supposément vériste, pour nous conter ses propres histoires.

© Satoshi Saïkusa

Galerie Da-End – 17 rue Guénégaud, 75006 Paris