S’il est un sujet qui illustre parfaitement la frontière, c’est celui des plaines d’Asie centrale où l’horizon du regard semble encore illimité et se perd dans la nuit de l’absence d’Histoire. Tandis que l’ouest américain s’est refermé sur lui-même, s’ouvrant au tourisme sauvage en été et au repli identitaire pendant les longs hivers, la Sibérie avec ses milliers de kilomètres de steppe, juste traversé par la fracture légère de la ligne de chemin de fer, conserve quelque part le statut de terra incognita malgré les appétits des chasseurs et des investisseurs capitalistes avides de richesses naturelles.

Le Baïkal Intérieur de Sylvie Bonnot penchée sur ses pratiques de beauté méditative, nous convie à l’excellence poétique où l’errance débouche sur la forme plastique pendant que l’approche réaliste de Danila Tkachenko dans les steppes de Sibérie nous restitue les restes de l’arsenal guerrier et gelé de la vieille URSS et de la moderne Russie en route, ponctué par des rencontres d’un futur improbable avec ces rebelles hippies oubliés d’un passé survivant. Une exposition dépaysante à découvrir au Bleu du ciel, du 14 septembre au 10 novembre 2018.

© Danila Tkachenko

Le Bleu du Ciel – 12 rue des fantasques, 69001 Lyon