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6, 73, 75, 93, 172, 201. Les Bonfires ont des chiffres pour légendes et racontent une terre aux noms pluriels. Les “feux de joie”, faits de palettes de bois et de pneus, peuvent mesurer jusqu’à trente mètres de haut. Ils sont construits dans les quartiers protestants de l’Irlande du Nord, pour être détruits sous le regard des catholiques. Philippe Grollier les poursuit, les énumère, les catalogue, les photographie à la chambre et les place inlassablement au centre de l’image. Ces constructions monumentales et fragiles commémorent le souvenir de la victoire du 12 juillet 1690 du protestant Guillaume III d’Orange sur Jacques II d’Angleterre, dernier roi catholique d’Irlande. Les symboles d’une haine encore vivace entre unionistes et républicains. Quand le drapeau irlandais flotte à leur sommet, c’est dans l’attente de le voir brûler. Les Bonfires ne prendront pas feu sous le regard du photographe. Il choisit de ne pas montrer ce moment, comme par espoir de ne plus les voir s’enflammer. Depuis dix ans, il attend les 11 juillet pour saisir sur le vif les constructions achevées.
Fisheye Gallery