Conflits et écologie au cœur du palmarès Visa pour l’Image

13 septembre 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Conflits et écologie au cœur du palmarès Visa pour l'Image

Le Festival Visa pour l’Image fête ses trente ans. Du 1er au 16 septembre, l’événement présente et récompense le meilleur du photojournalisme international. Retour sur le palmarès 2018.

Le festival de photojournalisme Visa pour l’Image entend promouvoir une « vision d’un monde libre d’expression et respectueux des valeurs essentielles de tolérance et d’humanisme », rappelle Jean-Paul Griolet, président de l’Association Visa pour l’Image. En trente ans, 840 expositions se sont déroulées dans la ville de Perpignan, et ont présenté un panorama du monde entier – ses conflits, ses guerres et ses espoirs. Cette année, Jean-François Leroy, directeur du festival, a reconnu plusieurs thèmes récurrents, au sein des événements : les guerres et les migrations qu’elles engendrent, et le réchauffement climatique. Des sujets poignants, documentés avec passion par les photographes exposés.

Comme chaque année, Visa pour l’Image a récompensé les meilleurs sujets photojournalistiques venus du monde entier. Les jurés des Visas d’or et autres prix – Prix Canon de la femme photojournaliste, Prix Camille Lepage, ou encore Prix Carmignac du photojournalisme – ont délibéré, du 3 au 8 septembre. Si tous les lauréats ont présenté des projets saisissants, la rédaction a choisi de mettre en lumière trois travaux faisant écho aux thèmes repérés par son directeur.

Yémen : la guerre qu’on nous cache

Il aura fallu une année entière à la photographe Véronique de Viguerie pour accéder au nord du Yémen, un territoire interdit aux journalistes. Là-bas une guerre fait rage et divise la zone. D’un côté, les miliciens chiites Houthis, soutenus par l’Iran, et de l’autre les loyalistes sunnites, épaulés par l’Arabie Saoudite, elle-même armée par les États-Unis. Depuis le 4 novembre 2017, les Saoudiens font pleuvoir les bombes sur les villes de Sanaa, Saada et leurs alentours. Le 6 novembre, un blocus est imposé, affamant toute une population. Les civils ? De simples dommages collatéraux. Au moment du reportage, ce massacre inconnu du public avait déjà tué 15 000 personnes, et poussé 3 millions d’hommes à fuir. Un récit violent, implacable, récompensé par le prestigieux Visa d’or Paris Match.

© Véronique de Viguerie / The Verbatim Agency for Time & Paris Match

© Véronique de Viguerie / The Verbatim Agency for Time & Paris Match© Véronique de Viguerie / The Verbatim Agency for Time & Paris Match

© Véronique de Viguerie / The Verbatim Agency for Time & Paris Match

© Véronique de Viguerie / The Verbatim Agency for Time & Paris Match

Les Fourmis rouges

En Afrique du Sud, les Fourmis rouges – des employés d’une société de sécurité privée, spécialisée dans l’expulsion – sont craints. La ville de Johannesburg est partagée, entre le désir de rénover le centre-ville et ses conséquences : expulser ses résidents les plus démunis. Les Fourmis rouges, reconnaissables à leur combinaison et casques flamboyants, sont chargés d’expulser les personnes vivant dans des bâtiments désaffectés, une population composée de délinquants, de toxicomanes, mais aussi de familles désespérées. Jusqu’à 600 « fourmis » peuvent être déployées au sein d’une opération. Armés de boucliers et de pieds-de-biche, ils frappent, blessent, violent, agressent et tuent sans état d’âme. En documentant ce phénomène méconnu, James Oatway interroge la moralité de la Constitution sud-africaine. Une série qui remporte le Visa d’or région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, catégorie magazine.

© James Oatway

© James Oatway

© James Oatway

© James Oatway

Arctique : nouvelle frontière

Pour la quatrième fois, la Fondation Carmignac s’associe au Festival Visa pour l’Image et dévoile, durant l’événement, les lauréats de son Prix : Yuri Kozyrev et Kadir van Lohuizen. Les deux photographes s’intéressent à la fonte de la banquise, et ses conséquences désastreuses sur notre planète. De juin à septembre 2018, ils ont entrepris un voyage. Un périple de six mois, couvrant la moitié du cercle polaire, dans le but de documenter les transformations des paysages, et l’impact de ces changements sur la vie des habitants de l’Arctique. Yuri est parti de Murmansk, une ville située au nord-ouest de la Russie, et a traversé le pays. Kadir, lui, a démarré de l’île norvégienne Spitzberg, et a franchi le Groenland et l’Alaska.

© Yuri Kozyrev/Noor

Terminal Arctic Gate situé dans le golfe d’Ob, près du cap Kamenny (Russie). Péninsule de Yamal, avril 2018 © Yuri Kozyrev / NOOR pour la Fondation Carmignac

© Kadir van Lohuizen / NOOR

Chasseur partant traquer des baleines boréales. La communauté autochtone de Point Hope a le droit d’attraper 10 baleines boréales par an. Arctique, Alaska, Point Hope, mai 2018 © Kadir van Lohuizen / NOOR pour la Fondation Carmignac

Image d’ouverture : © James Oatway

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